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CHAPITRE IV

SUITE DES RECHERCHES CONCERNANT LA MÉTHODE
DE LA PSYCHOLOGIE. — CARACTÈRE INEXACT DE
SES LOIS FONDAMENTALES. — DÉDUCTION ET
VÉRIFICATION.

§ 1. Les lois fondamentales auxquelles jusqu'ici et sans doute
pour longtemps encore, se réduisent pour nous les phénomènes de
succession psychique ne sont, nous Y avons vu, que des lois empiriques
. Bien plusl Ce sont aussi des lois d'une certaine imprécision,
d'une certaine inexactitude. La raison s'en trouve en partie, ainsi
que nous l'avons indiqué déjà brièvement, dans leur caractère
empirique ; mais l'inexactitude découle également pour une partie,
d'une autre circonstance. 1

Kant a jadis déclaré que la psychologie était incapable de s'élever
jamais au rang d'une science explicative, d'une science au sens
propre du mot. Ce qui motivait essentiellement son jugement,
c'est que la mathématique n'est pas applicable aux phénomènes
psychiques, car ceux-ci se déroulent bien dans le temps, mais
n'ont pas d'extension spatiale1.

Dans sa « Psychologie physiologique », Wundt essaie de réfuter
cette objection. « Il n'est pas vrai, dit-il, que ce qui se passe en
nous n'ait qu'une dimension, le temps. S'il en était ainsi, on ne
pourrait évidemment parler d'une représentation mathématique.
Cette représentation, en effet, exige toujours au moins deux
dimensions, c'est-à-dire deux variables poùvant être subsumées
dans la notion de grandeur. Or, nos sensations, nos représentations,
nos sentiments sont des grandeurs intensives, qui se suivent immédiatement
dans le temps. Notre vie intérieure a donc au moins
deux dimensions; ce qui implique la possibilité de la représenter
sous forme mathématique 2 ». Wundt se montre donc ^d'accord
avec Kant sur le point suivant : si les phénomènes psychiques
n'avaient pas d'autre grandeur continue que l'étendue' dans le
temps, le caractère scientifique de la psychologie y perdrait beau-

1. Metaph. Anfangsgrunde dcr Naturwissenschaft (Premiers fondements de science
de la nature), Avant-propos.

2. Gnmdzuge der physiol. Psych. (Fondements de la psychologie physiologique),
p. 6. i