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PSYCHOLOGIE DU POINT DE VUE EMPIRIQUE
de façon identique que si ces phénomènes diffèrent entre eux selon
la même proportion. En d'autres termes : leur différence ne sera
également perceptible que/si le rapport de l'accroissement à l'intensité
précédente est identique.
Nous avons donc les deux lois suivantes :
1. Quand l'accroissement relatif de l'excitant physique est
identique, la sensation augmente de grandeurs également perceptibles
.
2. Quand la sensation augmente de grandeurs également perceptibles
, l'accroissement relatif de la sensation est identique.
Il suit de là que ;
3. Quand l'accroissement relatif de l'excitant physique est identique
, l'accroissement relatif de la sensation est identique. En
d'autres termes : quand l'excitant physique croît d'un même multiple
, Vintensité de la sensation croît du même multiple.
Ces résultats ne sont plus en contradiction avec le bon sens
ni avec ce que Herbart avait admis d'emblée : « Dans la région où
se trouvent les fondements de la psychologie..., on dira tout simplement
que deux lumières donnent le double de clarté, que trois
cordes frappées par une seule touche résonnent trois fois plus fort
qu'une seule, etc. » (V. p. 358). Mais d'autre part cette affirmation
n'est pas absolument prouvéer Notre loi n'exige pas que, toutes les
fois que l'excitant croît d'un multiple, la sensation croisse du
même multiple; il lui suffirait que, chaque fois que l'excitant
augmenterait de moitié, la sensation s'accrût d'un tiers. Pour elle,
comme pour celle de Weber, il ne peut s'agir que d'une valeur à
l'intérieur de certaines limites. Aussi Weber et Fechner auront-ils
toujours le grand et indiscutable mérite d'avoir rejeté comme un
préjugé le jugement du bon sens vulgaire et de nous avoir frayé
le chemin vers une démonstration sûre. Malheureusement, si je
ne m'abuse, ils se crurent trop tôt arrivés au but et, pour corriger
l'hypothèse primitive, se contentèrent de substituer une définition
inexacte à une définition peut-être exacte. Le complément que
j'ai ajouté à leur recherche, — même s'il rencontrait un assentiment
unanime, — n'empêche pas que le mérite du travail revient
exclusivement à ces deux grands savants. Et je n'ai guère besoin
d'ajouter que la détermination du rapport entre l'accroissement des
excitants et un accroissement toujours également perceptible des
sensations est en soi d'une haute importance.
Que l'on apporte à la tentative de Weber et de Fechner la correction
que j'ai indiquée, ou qu'on la considère comme exacte
et définitive, il est certain qu'elle non plus ne peut nous mener
au but escompté.
D'abord, la possibilité de mesurer les intensités d'après leur
méthode se limite entièrement aux phénomènes produits par
l'excitation extérieure des organes des sens. Pour tous les phé-
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