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LÏVHË I. — CHAPITRE IV
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nomènes psychiques qui ont leur source dans des antécédents
physiques intérieurs à l'organisme ou qui sont provoqués par
d'autres phénomènes psychiques, cette méthode ne supplée aucunement
au défaut d'une mesure d'intensité. Or les phénomènes
les plus nombreux et les plus importants appartiennent à cette
catégorie : toute la classe des appétits et des mouvements de la
volonté, puis les croyances et les opinions avec toutes leur variétés,
ainsi qu'un grand nombre de représentations imaginatives. Parmi
tous les phénomènes psychiques, ne restent mesurables que les
seules sensations, et ce n'est même pas le cas de toutes.
Il y a plus. Les Sensations ne dépendent pas seulement de
l'intensité des excitations extérieures; elles dépendent aussi de
conditions psychiques, comme par exemple du degré d'attention.
Il sera donc nécessaire d'éliminer cette influence. Je ne vois pas
d'inconvénient à ce qu'on le fasse en supposant le cas de l'attention
la plus grande et la plus entière. Mais cette convention, si elle
n'entraîne pas d'autres inconvénients, impose du moins une nouvelle
et considérable restriction.
On pourrait enfin dire ceci : quand on prend garde de façon
claire à ce qui est proprement mesuré par la méthode de Fechner,
on constate qu'il s'agit moins d'un phénomène psychique que
d'un phénomène physique. Qu'appellerons-nous donc phénomènes
physiques, si nous n'y faisons pas entrer les couleurs, les sons,
la chaleur et le froid qui se manifestent dans notre sensation?
— Quand on mesure par conséquent, avec Fechner, les intensités
de couleurs, de sons, etc., ce sont les intensités de phénomènes
physiques que l'on mesure. La couleur n'est pas la vision,
le son n'est pas l'audition, la chaleur n'est pas la sensation de la
cSaléùr. — A cela l'on répondra : si la vision n'e$t pas la couleur,
elle correspond du moins dans son intensité à l intensité deTïa
couleur qui se manifeste à celui qui voit. Et il y a lieu de mettre,
quant à l'intensité, les autres sensations sur le même plan que les
phénomènes physiques qui s'y trouvent représentés. L'intensité
du phénomène physique serait ainsi déterminée en même temps
que celle du phénomène psychique. Je veux bien reconnaître
que tel est le cas. ïl est cependant des psychologues qui, nous le
verrons plus loin, distinguent entre l'intensité de l'objet représenté
et l'intensité de la représentation. J'admets donc pour
ma part que, d'après la méthode de Fechner, l'on peut trouver
le moyen de mesurer à la fois les phénomènes phvsiques et les
phénomènes psychiques qui les expriment. Mais il me semble
nécessaire d'ajouter cette nouvelle restriction : ce n'est que sous
un seul aspect, son rapport à l'objet premier, que le phénomène
psychique est mesuré quant à son intensité. Nous verrons, en
effet, qu'il présente encore d'autres aspects et ne s'épuise pas dans
ce~rapport.
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