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L'ARBRE QUI TREMBLA

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mation qui se faisait à leur insu, au contact
même de leur propre visage de chair...

Le Roi, à bout d'explications, ordonna
qu'on n'en parlât plus, et fit détruire tous
les masques dont s'était masquée la Cour, en
l'occurrence;—bien entendu, les deux masques
diaboliques y compris.

Il n'est peut-être pas superflu d'ajouter que

MM. de Folard et de Saulx, involontaires et
déplorables héros de la susdite aventure,
passèrent, dans les six mois, de vie à trépas :
M. de Saulx, à peu près comme jadis M. de
Bouligneux, par trois chevrotines qu'il reçut
à la chasse d'un ami maladroit. Et M. de
Folard, tout à fait comme M. de Wartigny :
traîné par son cheval perdu de peur, certain
jour que, la bête l'ayant désarçonné, il avait
vidé l'un des deux étriers, mais pas l'autre...

L'ARBRE QUI TREMBLA

A la porte de Saint-Cloud, la limousine
«'arrêta pour le contrôle de l'essence. Madame
Voghera profita de la halte pour ouvrir son
sac de galuchat et en tirer son miroir, sa houppette
et son bâton de rouge. Et, ce faisant,
elle donna à son compagnon le coup d'œil
d'avance ironique des femmes qui s'attendent
à subir une raillerie masculine. Mais la raillerie
ne vint pas. Donald Stuart, un coude
sur l'appui de la portière, un poing sous le
menton, gentiment regardait ailleurs.

Donald Stuart emmenait à Versailles, par
un beau soir d'été, madame Voghera. Huit
jours de villégiature à deux. On avait choisi
le Trianon Palace. Ce n'étaient pas deux
amoureux : deux camarades de route, sans
davantage. Elle, trente ans. Lui, quarante.
Et, de part et d'autre, deux existences auxquelles
le mouvement n'avait pas manqué.
Par ailleurs, les meilleurs amis du monde
et les plus honnêtes gens. Les femmes et
les hommes dont la première jeunesse fut
accidentée connaissent souvent une maturité
charmante, pleine d'indulgences et de compréhensions
. Donald Stuart et Pauline Voghera
ne s'étaient jamais fait la cour, et,
loin de s'en vouloir, s'en marquaient réciproquement
la plus sincère gratitude. Les
huit jours à passer tête à tête dans l'émouvant
décor que créa le plus grand de tous les

rois leur semblaient à l'un comme à l'autre
une oasis de fraîche amitié parmi la terre
torride des amours qu'ils avaient naguère
traversées, qu'ils traverseraient encore. L'essence
contrôlée, l'auto repartie, madame Voghera
prit la main de Donald Stuart et la
serra. Lui, garda dans ses doigts la fluette
menotte et la porta à ses lèvres. Tout cela
sans nulle intention galante. Ils s'accordaient
admirablement.

— Quelle chose délicieuse, — murmura
madame Voghera, — que la sécurité ! Trop
souvent, les hommes qui se prétendent nos
amis sont auprès de nous comme des chasseurs
à l'affût et ne font que guetter en attendant
leur heure.

— Oh ! — dit Stuart, — je ne suis pas tellement
fou, et je tiens trop à vous. Ne craignez
pas que je lâche la proie-amitié pour
l'ombre-amour.

L'auto escaladait la côte de Montretout.
On marchait vite. C'était avant la grande
guerre et il y avait peu d'automobiles en
France et de bonnes routes.

Ville-d'Avray. La campagne. L'auto fonçait
dans la nuit noire. Ses deux phares crevaient
l'obscurité d'un double trait aveuglant
. Tour à tour, taillis, futaies, vallons,
coteaux, semblaient jaillir de l'ombre. Et Versailles
, tout là-bas, se précipitait au-devant


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