Freiburger historische Bestände - digital

LE MESSAGER DU RHiN

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Champs et prairies. — On

profite des temps de gelees
pour conduire les fumiers, le
bois et autres produits de ce
genre. On surveille les sillons
d'ecoulement des eaux dans
les emblavures. On conduit
du purin sur les semailles
couvertes de neige. Curez
dans les prairies les anciens
fosses; ouvrez-en de nou-
veaux. Si le temps le permet,
on conduit des composts dans
les pres. On peut aussi re-

pandre d'autres engrais: sco-

ries de Thomas, sels de po-

tasse. Examinez les pommes

de terre et les betteraves

dans les silos et enlevez Celles
qui sont pourries.

Arbres fruitiers et vignes.

— On echenille les arbres

fruitiers; on debarrasse les

arbres du gui et on enleve

avec soin le bois mort.

Commencez ä couper les

greffons, notamment aux ce-

risiers. Creusez les trous pour la plantation des arbres au

printemps. On conduit du furnier dans ies vignes; on peut

dejä commencer ä tailler la vigne, quand le temps le

permet.

Travaux d'interieur. — On bat les cereales et crible avec

CALENDRIER DU JARDINIER

A. SCHWAN DER.

le trieur les grains qui doi-
vent servir de semence. On
repare les outils et Ton pro-
cede au soutirage du vin. On
inspecte de temps en temps
les legumes et les fruits con-
serves. Garantissez la cave
du froid.

Jardin. — On couvre les
legumes enjauges de branches
de sapin ou de feuilles mor-
tes, lorsque la terre est de-
pourvue de neige. On etablit
de nouvelles couches. On ar-
rose avec du purin les car-
reaux qui doivent etre ense-
mences au printemps.

Animaux domestiques. —
Maintenez dans les etables
une temperature de 15 de-
gres centigrades. Renouvelez
l'air de temps ä autre et tem-
perez la boisson des animaux.
Prenez garde de leur donner
des pommes de terre ou des
betteraves gelees. Si les che-
vaux de trait ne travaillent
pas, promenez-les tous les deux jours. Par les belies
journees, le jeune betail doit s'ebattre dans la cour. II
faut donner au betail des fourrages concentres (sons,
tourteaux de colza), ainsi que 20 ä 30 grammes de sei
par jour.

LE LANGAGE DU GUI

Combien subtil est le jeu de notre memoire, de notre
Imagination! Une vision rapide, un son, un parfum . . .
chacun sait qu'il n'en faut pas davantage pour reveiller
en notis un monde de Souvenirs, pour faire passer sous
nos yeux des tableaux si reels qu'ils abolissent pour un
temps la realite. Un moment plus tot nous eussions tente
en vain d'evoquer teile scene, tel site, et voici qu'il a
suffi d'un rien etranger ä nous-memes pour remuer les
« vieux Souvenirs dormant au fond de nous ».

Ce matin meine une brassee de gui jetee sans art con-
tre le kiosque de la bouquetiere du coin eut le doa de
me soustraire ä la ville maussade, lasse d'etre fustigee par
1 hivernale pluie, pour me transporter sous le ciel transparent
de la Marche et me restituer des images, des impres-
sions, enfouies avec les jours d'ete.

Le portillon rouille avait ete soigneusement clos. Fils
de fer barbeles, branches de bois vif, rameaux epineux
plantes cä et lä; le proprietaire de la prairie avait resolu
d en interdire l'acces. Interdire l'acces d'un champ, c'est
le droit de chacun : chacun son bien. Mais le pre en
question, quelques arpents de terre au sommet de la col-
line, ne saurait etre tenu pour un bien strictement prive.
D'une certaine maniere ce terrain appartient ä tous; son
dolmen constitue un patrimoine collectif; aussi, tout en
respectant le droit de propriete, nous ne jugeämes point
illicite d'y penetrer. S'egratigner les mains n'est pas une
belle affaire. Mais pourquoi donc le proprietaire d'une
herbe fauchee et engrangee avait-il de la sorte mis son
bien en interdit?

A peine avions-nous fait quelques pas dans l'herbe
courte oü les taupes soulevaient des mottes de terre, que
nous eümes une reponse. Au centre de la prairie mou-
tonnait une houle laineuse. Dedaignant le vert regain, un
troupeau masse sur un monticule d'oü emergeait le feuil-
lage d'un merisier semblait n'avoir d'autre occupation
que de pietiner ce coin de sol boueux. Pour un jour le
dolmen n'appartenait ni aux Gaulois de jadis ni aux tou-
ristes modernes, il etait le tief et l'apanage d'un troupeau
de moutons.

Groupes dans la cella, campes sur les pierres plates,
juches sur la dalle meme, ils investissaient completement
le monticule. A notre approche un remous se produisit.
Sans un belement la masse timide s'ebranla, lente d'a-
bord, puis, comme nous avancions, eile se preeipita d'un
seul elan pour s'enfuir, aecompagne d'un bruit d'averse,
ä Lautre extremite de la päture. Alors la « cabane de
Cesar » qu'on nomme aussi « abri des fees » (les appella-
tions varient selon que l'esprit envisage les choses),
apparut imposante, seul amoncellement granitique, rom-
pant l'uniformite du pre.

Le dolmen formait une cella rectangulaire dont l'ori-
fice s'ouvrait droit devant nous. A l'entour quatre blocs
plats, disposes en maniere de sieges. C'etait tout. Un
granit gris tel qu'il en affleure ici et lä sur le coteau.
Rien d'extraordinaire hormis la disposition des blocs et
leur emplacement.

Quelles mains avaient roule, pousse, erige ces pierres
geantes, de longs siecles avant que la main du druide,
tenant faucille d'or, tranchät le gui sur le tronc du
chene?

(Suite page 5)

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