Universitätsbibliothek Freiburg i. Br., J 3366,go-1946/48
Le Messager du Rhin: Almanach pour 1947
Colmar, 1947.1946
Seite: 55
(PDF, 24 MB)
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http://dl.ub.uni-freiburg.de/diglit/messager_rhin_1947/0061
LE MESSAGER DU RHIN

£agriculture de la Bretagne

La Bretagne a longtemps eu mauvaise reputation. On
la representait comme une region ingrate, aux sols steriles
, propres ä la lande, refractaires aux cultures.
Meme des £crivains bretons ont contribu6 ä repandre
cette legende; Brizeux, par exemple, invoque en ces
termes sa petite patrie :

« O terre de granit, recouverte de chenes! »

Or, le granit est, en Bretagne, moins frequent qu'on
ne croit, et d'autres roches, comme le schiste, sont
beaucoup plus repandues. Quant aux chenes, ils sont
sagement ranges sur les talus qui enclosent les parcel-
les oü viennent de belles recoltes. Et chacun sait que,
dans les temps dif Heiles qui ont suivi la guerre 19 39—
1940, la Bretagne s'est revelee une des plus süres pour-
voyeuses entre les regions francaises.

La reputation de pauvrete de la Bretagne n'est plus
iustifiee. Elle resulte de conditions anciennes qui ont
ete abolies au cours du dernier siecle. Ces conditions
etaient l'insuffisance chimique des sols et l'isolement
de la peninsule bretonne.

A tous les sols bretons — schistes, gr&s, granits —
manque un element necessaire : le calcaire. Autrefois,
seules les regions cötieres pouvaient en fournir au sol,
par l'emploi de sables marins charges de coquilles :
par charrettes, cet amendement precieux etait distribue'
jusqu'ä 20 ou 30 kilometres ä l'interieur. C'est ce qui
explique en partie la superiorite agricole de la bände
littorale (TArmor) sur la region interieure G'Arcoat).
Aujourd'hui, cette inegalite a disparu. On ne fait plus
beaucoup appel aux sables marins, mais on donne du
calcaire au sol en y repandant de la chaux. C'est depuis
une cinquantaine d'annees que la Bretage utilise en
grand la chaux de la Mayenne voisine. Cette innovation
a ete permise par la creation des lignes de chemin de
fer ä voie etroite (les « petits trains »), qui ont amene
les precieux sacs dans les cantons les plus recul£s.
L'emploi de la chaux a considerablement aceru les pos-
sibilites de la terre bretonne, et permis le defrichement
de nombreuses landes. Or, ä l'epoque meme oü Ton
commencait ä chauler, d'autres progres etaient realises
dans la technique des cultures.

La Bretagne a ete longtemps isolee, ä l'ecart des
grands progres de la science agronomique. Elle a con-
serve, jusque vers 1840 dans l'Armor, jusque vers 18 80
ou meme 1900 dans l'Arcoat, un Systeme agricole tres
ancien qui se caracterisait par l'utilisation de la lande.
A cette epoque, les terres n'etaient pas chaulees, et
Ton n'avait pas beaucoup d'engrais. On ne cultivait
qu'une partie du terroir. On y mettait une cereale
(seigle, ble noir ou froment) et, l'annee suivante, le
champ se reposait en jachere. Les champs ne fournis-
saient donc pas de nourriture pour le betail deja nom-
breux. II fallait alors reserver aux animaux de vastes
espaces de landes oü ils päturaient en liberte.

Au XIXe siecle, des plantes nouvelles ont ete intro-
duites, qui, loin d'epuiser la terre apres la culture d'une

cereale, contribuaient ä l'enrichir. Or, c'etaient des
plantes ä l'usage du betail : pommes de terre, navets
et choux fourragers, betteraves, trefle, luzerne. Le betail
, mieux nourri et plus nombreux, put donner du
furnier en abondance. en meme temps que les « petits
trains » apportaient des sacs de plus en plus nombreux
d'engrais drrrr'aues. Ainsi, les v^eux assolements bretons
. avec iache>es fr^ouentes. n'eurent plus leur raison
d'etre. On leur substitua des assolements beaucoup
plus comr>liau£s, de cinq. sept. neuf. parfois onze ans,
oü la iarhere a disnaui, remnlacee par des plantes
sarcl^es rbetter^ves. Pommes de terre) et des prairies
artificielles (trpflp. luzerne). La lande, eile aussi a bpsn-
coup recule. et la Bretacne n'est plus le pavs <J.cs langes
sans fin. Le betrrl est maintenant nourri par l'herbe des
prairies naturelles et par ces plantes cultivees dnnt
rintroducrion a £te si imt>ortante: il ne demande plus
grand'chose aux ressources de la lande.

Cptte r^volurion a eu pour cons^auence de r£duire
la diff^rpnee de richesse entre l'Arcoat et TArmor.
Auiourd'hu? le seMe a presrrne disnäm de nns r^ntons
interieurs. qui culrivent le bl^ aussi bien que les pla-
teaux littoraux eux-memes.

Deux traits essentiels marquent fortement l'ao-n'cul-
ture bretonne : la dispersion des laboureu^s en fennes
isoUes et en hameaux, la medioere etendue de l'ex-
plo'tation.

Dans d'autres provinces de France, la P'cardie. la
Lorraine, I'Alsace, tous les cultivateurs d'une meme
commune vivent en villages; lä sont grounees toutes
les fermes. et la campa<?ne, formee de chim^s ä perte
de vue. sans ha'es et sans talus, n'a pas d'hab't^tions.
Dans l'Ouest de la France au contraire, et specialement
en Bretagne, les fermes sont disoersees ä travers tout
le territoire de la commune. Le bourg n'est guere qu'un
gros hameau, avec l'eglise, la mairie, l'ecole, quelques
boutiques. La maieure partie des maisons de la commune
sont disseminees dans la campagne.

Cette dispersion a pour resultat de mettre la ferme
au milieu des terres qu'elle cultive. Les parcelles, en-
closes par des talus plantes d'arbres, sont presque toutes
groupees tout ä l'entour. Le paysan n'a donc pas
un grand chemin ä parcourir pour se rendre ä ses terres
. Cela presente des avantages certains. Mais l'isolement
de la ferme a pu etre autrefo-'s une condition de-
favorable a l'expansion des progres agricoles : chaque
ferme vivait ä l'ecart, et le pavsan ne vovait guere ses
semblables qu'aux jours de foire et le dimanche, au
bourg. Nous nous exDliauons ainsi que notre province
soit entree assez tard dans la voie du progres. C'est
l'6cole qui est venue ä bout de la routine, et aussi
l'amelioration des routes et des chemins : aujourd'hui,
si le paysan breton tend ä delaisser les foires, il reeoit
chez lui la visite des negociants qui viennent en ca-


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