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LE MESSAGER DU RHIN
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Champs et prairies. - On CALENDRIER DU JARDINIER
profite de la gelee pour con-
duire le furnier aux champs
et les phosphates dans les
pres. On continue, si le
temps le permet, les labou-
rages d'hiver. On surveille les
Sillens d'ecoulement des eaux.
Les silos, pour conserver les
navets et autres plantes ä
racines, doivent etre cou-
verts d'une epaisse couche de
terre et garantis contre l'en-
vahissement des eaux souter-
raines. On execute des tra-
vaux de drainage dans les
champs de certaine dimension
ä eaux stagnantes. On laisse
ecoulcr les eaux des prairies
irriguees, lorsque le froid
commence: le gazon devien-
drait trop delicat et la gelee
detruirait toutes les bonnes
herbes, tandis que les plaates
moins delicates, comme les
herbes acides et les mousses,
prendraient le dessus. A.Schwarzer*
Vignes et houblonnieres. — On repare les murs formant Chaque soir, on couvre les
terrasse et Ton creuse des rigoles pour l'ecroulement des retire le matin. On fait sur
eaux. On prepare les nouveaux echalas et l'on met en de cerfeuil.
etat les vieux. On appointit
les echalas et les perches ä
houblon et on en carbonise
les pointes. On plante les
perches qui doivent porter le
palissage en fil de fer.
Jardin. — On entoure les
arbres fruitiers d'un tamis de
fil de fer, pour les proteger
contre les lapins et les
lievres. On laboure la terre
autour des arbres, on fume
avec du purin, des scories de
Thomas et de la sylvinite.
On enfouit le furnier ä une
profondeur de 50 centimetres
ä 1 metre, non dans le voi-
sinage immediat du tronc,
mais a 1 ou 2 metres de dis-
tance de ce dernier, selon la
taille de l'arbre, afin que la
nourriture parvienne directe-
ment aux radicelles. On se-
coue la neige des arbres,
afin d'eviter le cassement des
branches. On monte les cou-
ches pour les nouveaux semis.
chässis de paillassons, qu'on
couches des semis de carottes.
LA LEGENDE DE L'ETE DE LA SAINT-MARTIN
(Suite de la page 23)
avoir bien froid, car ses pieds nus, ses mains et ses bras
ctaient rougis par la bise et gonfles d'engelures. Simple-
ment drapee dans une tunique de mousseline legere, eile
reposait, les bras croises sur sa poitrine.
— Oh ! La pauvrette ! s'ecria Martin. Elle va mourir,
c'est sur. Elle est raidie par la gelee et comme privee de
sentiment.
II regarda autour de lui pour chercher un objet ä jeter
sur l'infortunee afin de la couvrir davantage. II ne trouva
rien. Alors, d'un geste spontane, il öta son vetement, et
doucement, afin de ne pas interrompre le reve charmant de
la pauvrette, il l'etala avec d'infinies precautions sur la
dormeuse engourdie.
Alors il eut froid ä son tour. Un frisson le secoua de la
tete aux pieds.
Mais aussitöt le soleil perca les nuages, la brume se
dissipa, le gel fondit. Les arbres se couvrirent de feuilles,
les eglantiers se couvrirent de roses, les oiseaux chanterent
dans les branches, et l'aubepine reveche s'orna d'une mul-
titude de corolles parfumees . . .
Et l'enfant endormie se redressa.
— Comme j'ai bien dormi, dit-elle . . . en repoussant la
toison moelleuse etalee sur ses jambes. J'ai eu chaud . . .
Ce n'est pas etonnant, voici la belle Saison revenue ! Quel
bonheur !
Souriante et gracieuse, eile apercut un papillon bleute,
et se mit a courir pour le rejoindre . . .
Cependant l'ecuyer de Martin criait au miracle. Les fer-
miers, les serfs aecouraient de tous cötes et s'assemblaient.
Indifferent ä leur enthousiasme, le jeune seigneur etait
tombc ä genoux. Les mains levees vers le ciel, en extase,
il priait, ne s'apercevant de rien . . . Les yeux eclaires d'un
rayon mysterieux; il ne remarquait point les chemins ta-
pisses de mousse, semes de violettes et de muguets. Une
aureole brillante l'environnait.
Tout ä coup il se leva. Les doigts joints, il se mit ä
marcher. Ses regards n'avaient dejä plus rien de terres-
tre . . . II appartenait des cette minute au paradis des saints.
Gravement l'adolescent franchit les bornes de son do-
maine, passa le fleuve a gue, et gravit la montagne cray-
euse. . .
Une heure apres il frappait ä la porte de l'abbaye de
Marmoutier et demandait ä parier au Reverend Prieur.
Abandonnant chäteau et domaines, il devait se retirer
dans une cellule du monastere, faire profession et devenir
un jour eveque de son pays.
Et depuis cette epoque, vers la mi-novembre, la tempe-
rature adoucie permet ä certaines plantes de donner une
seconde floraison, et la nature tout entiere ragaillardie fait
croire ä la presence d'un nouvel ete. J. R.
LA NEIGE
La floraison du ciel suspend au fond des plaines
Une blanche corolle au front des arbrisseaux;
Le jeune arbre s'incline aux legeres haleines
Des vents qui font rider les ondes des ruisseaux.
L'hiver a nivelle les plis de la colline,
La paix est descendue au sein des vieux hameaux;
Un linceul eclatant de blanche mousseline
Couvre de purete le sommeil des tombeaux.
Charles MAILLARD
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