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LE MESSAGER DU RHIN
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Un cri se distingua bientöt du vacarme des tam-
bours, des cymbales et des autres instruments de
fortune employes par les soldats pour reveiller les
dormeurs : « Sus aux Suedois », et le rassemblement
se fit ayec ordre, suivant les Instructions de Philippe
d'Urgel.
Les femmes devaient rester ä la maison, n'en
deplaise ä leur curiosite : il fallait veiller ä l'appro-
visionnement en vivres des combattants. Chacun
joignit donc aussitot son poste.
V
Guides par Wub, les Suedois etaient arrives, de
nuit, du cote sud de Hombourg, lä oü les remparts,
epousant les flancs abrupts de lä colline, at-
teignaient jusqu'ä dix metres de hauteur.
« C'est ici, leur dit-il sournoisement, que vous
avez le plus de chances de reussir. »
(Dans la nuit, on ne se rendait pas exactement
compte de l'importance de l'obstacle.)
« Elevez ici un echafaudage et je vous garantis
que, avant le jour, vous serez les maitres du lieu.
— Je le souhaite, repondit le capitaine qui com-
mandait le detachement, pour nous et aussi pour
toi. » Et sans plus d'explications, il donna des or-
dres ä ses hommes en un dialecte incomprehen-
sible.
Wub avait si bien su gagner la confiance de cet
officier du Duc de Weimar que, lorsque tous furent
au travail, sous pretexte d'aller ä la recherche de
son chien, il put facilement fausser compagnie ä
son gardien, pour se diriger, avec mille prudents
detours, vers le
chemin aux qua-
torze saints - pro-
tecteurs, et, de lä,
gagner la porte
voütee.
II pouvait etre
onze heures du
soir. Par bonheur
les gardes ne dor-
maient pas encore,
ce qui permit ä
Wub d'entrer sans
difficulte et sur-
tout sans bruit
inutile.
« Quelles nou-
velles nous ap-
portes - tu, Wub ?
Qu'as-tu fait du-
rant ces quatre
jours?
— Chut, parlons
moins fort, voulez-
vous?... Eh bien,
voilä :
J'aipenetredans
le camp suedois, ä
six lieux d'ici. Iis
venaient de de-
pouiller un messager du Seigneur Henri III, notre
eveque; ils m'ont alors apprehende. Apres m'avoir
questionne sur mon domicile, ils m'ont promis une
grosse recompense si je les guidais jusqu'aux portes
de Hombourg. Comme je refusais, ils m'ont me-
nace de me pendre, et ils m'ont enferme pendant
deux jours, sans doute dans l'espoir qu'un autre
guide se presenterait. Pendant ce temps je leur
racontais ma crainte des habitants de Hombourg,
et bien d'autres inventions, si bien que j'ai pu
rapidement gagner leur confiance. J'en ai d'ailleurs
profite pour m'emparer du message de notre
Seigneur et Maitre... Mais le temps presse... Occu-
pez-vous ä boucher toute la porte voütee, en en-
tassant des pierres jusqu'au faile. Les Suedois sont
aux remparts sud.
— Comment?
— Oui, hätez-vous, ...et pas trop de bruit. La
nuit est noire; bientöt ils se rendront compte de
ma supercberie et de ma fuite... Dieu vous aide...»
Wub se dirigea alors vers le chäteau. Apres
maintes explications il obtint quatre soldats en armes
, qu'il posta de facon ä ce qu'ils puissent sur-
veiller sans etre vus, les travaux ennemis.
A ce moment, Philippe d'Urgel, averti par Sal-
vik, le chef de son corps de garde, courait ä la
rencontre de son messager malchanceux :
« Je vois que tu n'as pas reussi, mon pauvre
Wub, lui dit-il, tout essoufle, au ruse petit pätre
qui revenait vers le chäteau.
— Pas tout-ä-fait, Monseigneur, avoua Wub.
J'avais beau leur iurer qu'ils ne trouveraient rien
Hombourg-Haut
(Eau-forte de Marcel Waeldin)
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