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LE MESSAGER DU RHIN

de bon ä Hombourg, vu que la recolte avait ete
mauvaise : Nous n'avons que faire de leur ble, me
repondirent-ils, nous voulons offrir leur chäteau ä
notre prince, qui veut s'y reposer l'hiver pro-
chain... » Alors j'ai du les amener jusqu'aux rem-
parts. Iis sont convaincus que des Taube ils seront
les maitres ici, sans rencontrer aucune resistance.

— Combien sont-ils?

— Une centaine dont trente archers tres adroits.
Mais il leur faudra d'abord travailler plus de quatre
heures pour elever un echafaudage, lä oü je les ai
laisses. Cet exercice les fatiguera assez pour dimi-
nuer de moitie leur force et leur adresse.

— Bien, nous laisserons donc nos braves gens
dormir jusqu'ä ce que le travail de ces pillards soit
presque acheve, dar il nous faut eviter tout bruit
suspect... Mais que cherches-tu, Wub? »

Le bossu fouillait le fond de son sabot. II tendit
bientot au chanoine un parchemin plie dont on
avait brise les sceaux :

«Un message de l'Eveque, dit-il, que ces bri-
gands ont intercepte.

— Veux-tu m'äller querir Slavik? » demanda en-
core le Doyen, tout en prenant connaissance du
message si miraculeusement sauve :

« Je crois, ecrivait l'Eveque, que l'heure du Tres-
Haut a sonne, oü nos vaillants sujets de Hombourg
devront subir l'epreuve d'un penible siege. Les
troupes ä la solde du Duc de Weimar sont tetues.
Ayez soin de faire des reserves de vivres et de sei.
Inspectez vos moyens de defense. Vous n'avez pas
de poudre, que je sache, mais vos bombardes bien
en evidence peuvent faire effet sur les attaquants.
Je n'ai pu obtenir de Monseigneur le Duc de Lorraine
les troupes que j'escomptais pouvoir vous en-
voyer. Celles-ci sont elles-memes tres occupees. Le
roi Gustave Adolphe est mort, son armee defaite
pres de Nördlingen. Tenez bon, ayez confiance en
Dieu, et que votre priere soit votre meilleure arme
contre vos ennemis. Je vous benis et implore le
Tout-Puissant pour vous. »

«Iis ont lu ce message! gemit le Doyen epou-
vante. « Iis savent donc que nous sommes sans defense
autre que nos remparts, sans poudre, sans re-
serve de vivres.'... »

Mais Salvik entrait suivi de Wub; Philippe ne
voulut pas perdre contenance devant eux :

« Reunis tes hommes, ordonna-t-il, que toute la
garnison soit prete ä defendre la cite. »

Salvik s'inclina et sortit.

Wub alors conduisit le Doyen sur les lieux oü la
defense devrait s'organiser. Nous imaginons facile-
ment quel fut le plan du Doyen. Gräce ä la surprise
l'avantage reviendrait aux energies les plus frai-
ches et les mieux placees.

VI

Grande en effet fut cette surprise, au camp des
Suedois, quand ils entendirent les cris de guerre

des Hombourgeois et virent apparaitre ä la lueur
des torches, les casques des defenseurs. Leurs pre-
paratifs venaient justement de se terminer. Tous
etaient en sueur. L'ardeur que leur avait procure la
vision du but presque atteint fut coupee instanta-
nement. Furieux, leur capitaine ordonna quand
meme l'assaut. Mais tous ceux qui tentaient d'es-
calader l'echafaudage se faisaient renverser par une
pluie de moellons qui tombaient du haut des remparts
. Leur travail de toute une nuit ne fut bientot
plus qu'un amas de poutres et de troncs d'arbres
dechiquetes, qui avaient cede sous les coups portes
par nos infatigables guerriers improvises.

Force fut donc ä l'officier suedois de se rendre ä
l'evidence d'une premiere defaite. Aussi se resolut-
il ä attendre : « Nous verrons bien, grogna-t-il,
s'ils resisteront au siege. Je sais qu'ils n'attendent
aueun secours de leur prince. Nous avons donc le
temps pour nous. »

Et des le petit jour, il fit le tour de la forteresse,
decouvrit le chemin oü veillaient les quatorze pro-
tecteurs, envoya querir des provisions et des ren-
forts, et fit occuper tous les endroits susceptibles
de fournir une issue aux Hombourgeois.

Ceux-ci, d'ailleurs, ne firent aucune tentative
pour percer le cordon des assiegeants. Iis sem-
blaient meme, ä la longue, s'en aecommoder fort
bien; aucune agitation ne manifestait aux Suedois
le reel desarroi dans lequel, chaque jour davantage,
ce siege les plongeait. Ce calme apparent etait bien
fait pour desesperer l'officier du Duc de Weimar.

Cela dura trois semaines. Et, tandis que les Suedois
festoyaient sous leurs yeux avides, nos pau-
vres amis epuisaient leurs dernieres ressources.

Un jour, l'attention d'un detachement de Suedois
qui stationnait pres de la porte voütee, fut
attiree par des chants religieux venant de l'inte-
rieur de la forteresse. Et comme leurs yeux ques-
tionnaient les creneaux du rempart, la haute Silhouette
de Philippe d'Urgel, revetu de sa cape des
grandes ceremonies, leur apparut, ils le prirent pour
l'Eveque.

« Tenez, les amis, leur cria celui-ci, voici pour
votre repas du soir... » et en disant ces mots il leur
lanca un gros paquet qui roula dans la poussiere
jusqu'ä leurs pieds; puis les chants continuerent.

Interdits, les Suedois hesitaient ä ramasser l'ob-
jet, lorsque, par hasard, leur capitaine, qui de loin
avait suivi la scene, en serrant les poings, leur ordonna
de lui apporter cet engin...: c'etait un esto-
mac de bceuf. En le dechiquetant, on s'apercut qu'il
etait rempli de ble. C'etait donc manifestement un
defü?

« Ces chiens de paysans sont ravitailles par le
diable, s'ecria l'officier, rouge de colere. Leur Eve-
que m'a fourvoye aussi bien que le bossu. Nous
perdons notre temps et notre argent ici. Demain
nous regagnerons Saint-Avold. » Et ils leverent le
siege.

Ce soir-lä les Hombourgeois se partagerent leur
dernier bceuf avec leur dernier boisseau de ble.

L.F.


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