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LE MESSAGER DU RHIN

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hutte. II etait accompagne de sa mere, brave et devote
Bretonne, pour qui l'occasion d'entendre Ia
messe se presentait rarement en ces temps de guerre
civile. Tous deux furent bientöt rejoints par l'abbe
Garrec qui se dirigea droit vers le garconnet :

— Ceux que j'attendais, lui dit-il, ne viennent
pas ä notre rendez-vous. Iis m'ont fait prevenir,
hier soir, que, convoques d'urgence en vue d'un
coup de main ä effectuer contre les Bleus, ils ne
pourraient, ä leur grand regret, assister ä ma messe
ce matin. Inutile donc d'attendre 5 h. pour Ia dire;
mets-toi en devoir de me la repondre sans plus
tarder.

Tout ä coup le bruit d'une troupe en marche re-
tentit ä faible distance. Le garconnet bondit en
avant et revint presqu'aussitot, le visage decom-
pose :

— Les Bleus, jeta-t-il ä mi-voix, fuyons vite!
Mais il etait trop tard pour suivre ce conseil.

Dejä l'ennemi avait fait irruption, et une vingtaine
de soldats cernaient la cabane. L'abbe Garrec ne
perdit pas son sang-froid. Calme et digne, il ac-
cueillit les agresseurs par ces simples mots :

— A qui en voulez-vous? Si c'est moi que vous
cberchez, me voilä.

Le sous-officier qui menait les soldats promena
autour de lui un regard desappointe.

— Ce n'est pas vous seul que nous cherchons,
dit-il sechement... Oü sont vos compagnons?

— Les voici, repondit avec un sourire l'abbe en
designant du doigt Jobic et sa mere.

— Parlons serieusement, reprit le chef d'un ton
irrite; oü sont ceux que vous aviez convoques a
cette reunion?

— Je n'ai convoque personne : mes paroissiens
assistent de leur plein gre ä la messe. Libre ä eux
de ne pas s'y rendre.

Le flegme ironique du pretre exaspera son intcr-
locuteur. qui s'ecria rageusement :

— C'est bon, je vois que nous sommcs joues,
mais pas tout ä fait cependant, car vous repondrez
pour les autres, Monsieur le Cure, et je vous arrete
comme rebelle a la loi. Vous nous suivrez jusqu'ä
la prison la plus proche. Toi, Bernard, ajouta-t-il,
s'adressant ä un homme de sa troupe, va cherchcr
notre guide et decampons sans plus tarder : nous
n'avons plus rien ä faire, et mieux vaut quirtcr ra-
pidement ces parages, oü une embuscade est tou-
jours ä craindre.

Bernard s'eloigna et reparut quelques minutes
plus tard :

— Notre gaillard est introuvable, annonca-t-il
piteusement.

— Parbleu, s'exclama le sous-officier, il a pris la
poudre d'escampette pour ne pas s'exposer ä tom-
ber entre les mains des Chouans au cas oü, preve-
nus de notre arrivee et Caches peut-etre pres d'ici,
ils se prepareraient ä nous surprendre ä leur tour. Ce
danger pourrait bien nous menacer en effet... Pour
le conjurer, l'aide d'un guide capable de nous ra-
mener au point de depart par des chemins detour-
nes serait d'un precieux secours. Le lache fuyard
que j'ai eu la sottise de payer d'avance aurait si

bien rempli cet office. Le diable empörte ce men-
diant de malheur! Par qui le remplacer ä present?

Tout en parlant, le chef de la troupe jeta un
regard anxieux autour de lui. Ses yeux rencon-
trerent alors le garconnet et son visage s'eclaira.

— Approche, petit, dit-il, et ecoute-moi. Sais-tu
aue je devrais t'arreter comme l'abbe que voilä et
dont tu es le complice? C'est la prison qui t'attend.
Eh bien, il depend de toi d'eviter ce sort. Nous
voulons regagner notre campement qui est pres de
Baud. Si tu veux nous conduire ä travers la foret,
que tu dois connaitre ä fond, en direction de ce
bourg, je te rendrai la liberte. II faudrait seulement
nous faire passer par des chemins ecartes et peu
frequentes, ce qui te sera facile. Acceptes-tu?

Jobic parut hesiter, ce que voyant, le chef pour-
suivit :

— De plus, je te donnerai pour ta peine l'ecu de
six francs que voici. Tu le vois : je t'offre un marche
avantageux.

L'enfant reflechit un instant, puis, tendant la
main :

— Donnez, dit-il, j'accepte.

Un eclair de satisfaction brilla dans les yeux du
sous-officier, tandis qu'un gemissement etouffe
s'echappait des levres de l'abbe Garrec. Sans mot
dire, le venerable ecclesiastique considerait son en-
fant de chceur avec une surprise douloureuse et lui
jetait un regard charge de reproches. Mai^ Tobic ne
paraissa.it guere se soucier de ces marques de muette

Jeune Bretonne de Pont-l'Abbe


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