Zur ersten Seite Eine Seite zurück Eine Seite vor Zur letzten Seite   Seitenansicht vergrößern   Gegen den Uhrzeigersinn drehen Im Uhrzeigersinn drehen   Aktuelle Seite drucken   Schrift verkleinern Schrift vergrößern   Linke Spalte schmaler; 4× -> ausblenden   Linke Spalte breiter/einblenden   Anzeige im DFG-Viewer
http://dl.ub.uni-freiburg.de/diglit/messager_rhin_1948/0049
LE MES SAG ER DU RHIN

43

chätiment exemplaire, n'est pas parmi eux. Pour ce
qui est de nos prisonniers, nos grands chefs deci-
deront de leur sort. En attendant, ils demeureront
ici, gardes par ma troupe, tandis qu'avec deux de
mes compagnons j'irai chercher du renfort pour les
faire conduire sous bonne escorte en Heu sür. Vous
feriez bien de partir avec nous qui vous protege-
rions en cas de nouvelle alerte. Tu nous accom-
pagneras aussi, Jobic.

Le pretre accepta la proposition et le chef alla
donner des ordres ä ses hommes. Pendant ce temps,
Jobic s'approcha vivement du sous-officier etendu
ä terre ä cote des siens, et, lui glissant dans la
main l'ecu de six livres qu'il avait feint precedem-
ment de donner ä sa mere, le toisa fierement en
disant :

— Reprenez votre argent, Monsieur le militaire,
Jobic n'est pas un Judas!

Ce fut seulement au bout de deux heures de
marche, par des voies detournees et mal frayees,
que la petite colonne, composee de l'abbe Garrec,
du garconnet, de leur guide et de deux paysans, se

retrouva pres de la hurte abandonnee. Apres avoir
chemine quelques instants encore, le chef de file
s'arreta sous une haute futaie, et, se tournant vers
l'ecclesiastique, lui dit :

— Donnez-vous la peine de lever la tete, Monsieur
le Cure, et vous verrez comment les Chouans
savent punir les traitres.

L'abbe Garrec obeit docilement et jetä un cri.
Lä-haut, ä la grosse branche d'un chene, se balan-
cait, pendu ä une corde, le corps inanime du men-
diant de la veille.

— Oh! s'ecria l'abbe saisi d'horreur, qu'avez-
vous fait? J'avais prie le ciel pour que ce malheu-
reux füt epargne. Vous vous etes montre impitoya-
ble, Alain... Dieu vous pardonne ce cruel acte de
represailles!

— Justice devait etre faite, repliqua Alain; la
vue du gland que porte ce chene sera pour l'ennemi
un salutaire enseignement.

Le pretre secoua la tete ä titre de muette protes-
tation. Puis, tracant dans l'air un signe de croix, il
adressa au mort une supreme benediction.

Les trois paysans s'etaient decouverts...

UN PETIT

DE D'<£^

****** Par A. Dourliac * * * *

II s'appelait Joseph, et, pas beaucoup plus äge
que le roi de Rome, il etait de ces petits que Napoleon
regardait avec un soupir en songeant ä son
fils...

En s'y posant un instant, l'Aigle avait fait emer-
ger, des flots de la Mediterranee, l'ile ignoree la
veille pour la dresser dans l'Histoire entre la Corse
et Sainte-Helene ; et aussi, de certaines ämes
obscures, une flamme d'enthousiasme qui, plus ou
moins inconsciemment, devait les soulever au-
dessus de la terre...

Avait-il regarde, distingue, le petit Joseph entre
les autres gamins? Lui avait-il parle? Lui avait-il
pince l'oreille? Devenu grand, Joseph s'en vantait
volontiers... Mais l'imagination joue un grand röle
dans les Souvenirs d'enfance, surtout lorsqu'elle
s'est epanouie sous le soleil de l'Orient! Et eile co-
lore souvent des pages un peu grises de tout ce que
l'on a pu rever...

Joseph se trouva parmi le betail humain qui fut
vendu un jour sur le marche de Tunis, au moment
oü sombrait dans l'Ocean l'astre eblouissant dont
un dernier rayon avait caresse sa jeune tete... Cap-
ture par les Barbaresques, pendant une traversee en
Italie, l'enfant avait ete separe de sa mere, dont il
ignorait le sort, et il attendait le sien, plus ou
moins miserable selon qu'il tomberait sous un bä-

ton plus ou moins rude. Un laboureur l'avait
marchande, mais l'avait trouve trop grele; un
scribe le marchanda, mais il ne savait pas l'arabe,
et il allait probablement encore etre laisse pour
compte (ce qui n'etait pas plus enviable, le mar-
chand rendant la marchandise responsable de ses
deconvenues) quand un personnage important s'arreta
longuement devant la boutique et choisit tout
un lot de prisonniers pour le Service du Bey.

Naturellement, on ne lui avait presente que les
plus beaux sujets, et le pauvre Joseph ne pouvait
attirer son attention, mais sa mine chetive et son
air eveille avaient attire celle d'un jeune garcon, ä
peu pres du meme äge, qui accompagnait son pere,
et que le captif regardait avec une admiration
nuancee d'envie. Non seulement il etait richement
vetu, avec de jolies manieres, mais encore il avait
une figure charmante et un grand air de bonte. II
avait dans la main une orange, et son regard com-
patissant evoqua pour le petit Italien le souvenir
d'une madone populaire, « La vierge aux oranges »,
qui etait au chevet de sa mere :

— Madona! murmura-t-il involontairement...
L'autre avait l'oreille fine; il demanda en italien:

— Italien?

— Oui, repondit Joseph.

Le regard du jeune Oriental se fit plus bienveil-


Zur ersten Seite Eine Seite zurück Eine Seite vor Zur letzten Seite   Seitenansicht vergrößern   Gegen den Uhrzeigersinn drehen Im Uhrzeigersinn drehen   Aktuelle Seite drucken   Schrift verkleinern Schrift vergrößern   Linke Spalte schmaler; 4× -> ausblenden   Linke Spalte breiter/einblenden   Anzeige im DFG-Viewer
http://dl.ub.uni-freiburg.de/diglit/messager_rhin_1948/0049