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IE MESSAGER DU RHIN

lant et il dit quelques mots ä son pere qui inclina
gravement la tete :

— Mettez ce garcon par-dessus le marche, or-
donna-t-il.

Sans doute l'affaire avait ete bonne pour le mar-
chand, car il ne protesta pas, et le troupeau grossi
de cette faible unite, fut conduit immediatement
au Bardo. Le palais du Bey, vaste comme une petite
ville, etait bien autre chose que celui de Napoleon
ä Porto-Ferrajo, et le captif ouvrait de grands yeux
ä toutes les merveilles entrevues au passage. Les
grands officiers eux-memes etaient admirablement
loges, et son nouveau maitre, qui etait chef du se-
rail, le donna pour compagnon ä son petit garcon,
fils d'une Italienne morte jeune, pour le familiari-
ser avec la langue maternelle.

Allegro etait un charmant garcon, avec toutes
les seductions de sa double origine. II sut s'atta-
cher son jeune compagnon en s'y attachant lui-
meme, et une veritable amitie grandit avec eux.
Tous deux recevaient la meme education, ils etaient
egalement intelligents, mais, plus indolent, le jeune
Tunisien etait heureusement stimule par la presen-
ce de son nouveau camarade aussi laborieux qu'e-
veille. II se passionnait pour cet Orient, dont le
grand empereur d'Occident avait garde la nostal-
gie, et, de son cote, le fils du soleil etait curieux
des moindres details sur l'homme extraordinaire
qui, avec plus d'audace et plus de bonheur que
saint Louis, Charles VI. Louis XIV, etait venu
planter son drapeau en Afrique et aurait peut-etre
reussi ä la conquerir « sans la bicoque de Saint-
Jean d'Acre qui lui avait fait manquer sa fortune »,
disait-il encore ä Sainte-Helene.

Allegro et meme le fils du Bey, qui devait etre
Hussein II, enviaient Joseph, devenu «Yusuf»,
pour l'avoir seulement apercu, et ne se lassaient
pas de l'entendre raconter les promenades du geant
des batailles, enferme dans une ile etroite, reduit ä
faire manoeuvrer un bataillon, comme les enfants
jouent aux soldats de plomb, et, malgre leur jeu-
nesse, ils auraient bien voulu etre ä la place de ses
grognards.

Mais epuisee par son colossal effort, la terre ne
voulait plus fournir de nouvellc moisson humaine,
et la guerre etait enterree sous les cartons pou-
dreux des diplomates de la Sainte-Alliance. Et la
vie s'ecoulerait molle et douce dans le serail du
Bardo qui ne se reveillerait pas plus que l'ancienne
Carthage, oü seule l'ombre de la fille d'Hamilcar,
fantasmagorie litteraire, errait parmi les ruines
baignee par les päles rayons de la deesse Thanit...

Le canon tonne : Alger est prise.

Roi pacifique, Charles X a donne ce supreme et
dernier eclat au vieux drapeau blanc, drapeau de
saint Louis et de Rocroy qui a flotte un instant sur
la ville conquise.

C'est une ivresse, mais un desordre tres grand,
et, ignorant de la langue, des mceurs arabes, on a
bien du mal ä imposer discipline et autorite dans
les rues de la casbah. Deux jeunes gens sont intro-
duits aupres du general en chef. Arrives sur le
brick «L'Adonis^, ils etaient entres avec nos
troupes et s'etaient brillamment comportes.

C'etaient Yusuf et Allegro.

La France s'eveillait; eux aussi. II y avait encore
des soldats de Napoleon dans le corps expedition-

Vue d'Alger : La Kasbah


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