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LE MESSAGER DU RHIN

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naire; ils revaient de se joindre ä eux, de faire
leurs premieres armes avec eux.

Mais, pour cela, il fallait s'evader du Bardo, se
soustraire ä l'autorite paternelle et beyücale, et, si
l'on echouait, c'etait gros de consequence.

Pendant un de leurs conciliabules, probablement
suspects, un espion les avait suivis; Yusuf s'en
apercut et n'hesita pas ä se lancer sur ses traces;
il le surprit dans les jardins, le tua et le jeta dans
une piscine, non sans lui avoir enleve la langue et
les yeux, dont ilne se servirait plus... et qu'Allegro
trouva des le reveil pour lui certifier le silence.

Mais la chose avait transpire et Yusuf etait me-
nace de la justice expeditive du Bey, rendue dans
sa galerie et immediatement executee, qu'il s'agit
d'amende, bastonnade, pendaison... et c'etait la
corde qui attendait notre accuse!

— Je mourrai avec toi, disait bravement Allegro.
Mieux valait se soustraire au chätiment.
Usant de ruse, Yusuf se fit passer pour malade et

parvint ä s'echapper avec l'aide de son compagnon
qui avait des inteiiigences dans le palais et au con-
sulat de France, oü ils se refugierent bien vite.
Mais le consul, qui s'appelait alors M. de Lesseps,
leur objecta que son intervention pourrait en de-
clencher une autre de Sa Majeste tunisienne devant
Alger, et ne pouvant les prendre sous sa protection
ofricielle, il leur indiqua un moyen terme :

Le brick « L'Adonis » croisait en rade; le com-
mandant, prevenu, les accueillerait a son bord, et,
des qu'ils seraient montes dans le canot, ils se-
raient sous le drapeau francais. C'etait tout ce
qu'ils pouvaient rever de mieux.

Le lendemain ils arrivaient sur la berge : le canot
etait bien lä!

Mais en les voyant bien equipes et bien montes
sur de magnifiques chevaux, les matelots ne pouvaient
les prendre pour des fugitifs et n'appro-
chaient pas. En revanche des soldats turcs lances ä
leur poursuite arrivaient sur leurs talons...

— Sauve-toi ä la nage, cria genereusement Allegro
, je les arreterai bien le temps necessaire.

— Ensemble nous fuirons ou ensemble nous pe-
rirons, repondit Yusuf.

Et tous deux se jeterent sur leurs adversaires
avec une teile fougue qu'ils en abattirent plusieurs.
D'autres accouraient ä la rescousse, mais les marins
avaient compris : le bateau s'etait approche et les
deux fugitifs purent y sauter ä temps.

« L'Adonis » ralliait la flotte : ils arrivaient au
bon moment.

*

— ...La Situation est grave; nous ne pouvons
tenir sans renforts; tu vas aller le dire au marechal
Clauzel.

— Tu ne pourrais pas en envoyer un autre?

— Aucun ne m'inspirerait la meme confiance, et
au marechal non plus.

— C'est notre premiere Separation.

— Ce ne sera pas la derniere... L'amitie passe
apres le Service, tu sais, et nous sommes officiers
francais.

La meme fierte brillait dans leur regard ä ce rap-

Algerie — Une vue du vicux Biskra

pel glorieux. Leur double reve s'etait realise :
Yusuf et Allegro servaient dans l'armee francaise,
sous les ordres d'un Veteran de l'Empire, lieutenant
de Junot en Portugal, et ä l'ombre de ce drapeau
tricolore qui avait flotte sur toutes les capitales de
l'Europe.

Apres avoir organise la cavalerie indigene, le ca-
pitaine Yusuf, avec ses deux amis, Allegro et d'Armandy
, venait de prendre Böne sans coup ferir,
gräce aux inteiiigences qu'il avait su se creer dans
la citadelle, et oü ils s'etaient enfermes avec une
poignee d'hommes. Mais il fallait s'y maintenir, et
non seulement ils etaient entoures de forces supe-
rieures, mais encore la trahison etait dans leurs
murs, et Yusuf savait qu'il devait etre assassine le
lendemain et la garnison massacree par ses soldats
turcs. Mais il avait garde l'avis pour lui seul afin
d'eloigner son frere d'armes qui n'eüt pas voulu le
quitter. Lui parti, il alla trouver le capitaine d'Armandy
, le mit au courant du complot et lui dit
resolument :

— II n'y a qu'un moyen d'y echapper, c'est de
faire sortir les Turcs de la citadelle. Je vais les emmener
avec moi, et tu ne les laisseras pas rentrer.

— Mais ils te tuerontf

— Qu'importe, ce sera du temps gagne pour at-
tendre le renfort que nous enverra certainement le
Marechal...

Les deux hommes s'embrasserent sans mot dire.
Yusuf sortit avec ses hommes comme pour une re-


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