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LE MESSAGER DU RHIN

Environs de Michelet — Village de Taourirt-Amran

connaissance. Derriere eux la porte de la citadelle
fut muree. Arrive en bas, le jeune officier arreta sa
troupe!

— Je sais, dit-il, qu'il y a des traitres parmi vous
qui ont resolu de se defaire de moi, et que c'est la
nuit prochaine... Les coupables me sont connus;
qu'ils frappent d'avance s'ils ne craignent pas de
porter la main sur leur chef.

Puis, se tournant vers Tun d'eux :

— Toi, tu es du nombre.

Et il l'etend mort ä ses pieds.

La temerite n'est pas toujours aussi folle qu'on
veut bien dire. Comme les soldats envoyes contre
Napoleon au retour de l'ile d'Elbe, les conjures
tomberent aux genoux de leur chef en lui jurant
une eternelle fidelite. Iis ne devaient plus y man-
quer et Yusuf leur pardonna genereusement.

*

Allegro, qui maintenant n'etait plus indolent et
meritait bien son nom, filait ä toute allure vers le
quartier general. Heureusement il montait un de
ces petits chevaux aux formes greles et ne payant
pas de mine, un peu dedaignes des officiers de re-
monte, mais apprecies des Arabes qui connaissent
leur vitesse et leur resistance.

Talonne par l'impatience et une vague inquietu-
de, l'amitie ayant les memes intuitions que l'amour,
le jeune Tunisien, courbe sur sa monture, fendait

l'air comme s'il etait porte par le cheval du Pro-
phete.

Quand ils arriverent devant le Gouverneur general
, le cavalier et l'animal etaient fourbus. Le Ma-
rechal prit la depeche, un vrai chagrin assombrit
ses traits rüdes :

— Pauvre Yusuf! murmura-t-il.

Allegro fut bouleverse... On n'interroge pas un
superieur, mais il ne put reprimer une douloureuse
exclamation; ses pressentiments ne l'avaient pas
trompe. Au reste, bienveillant, Clauzel lui passait
la depeche. Elle se terminait par cet adieu laco-
nique :

— Conservez Böne et vengez-moi!

La recommandation etait inutile et cette seule
idee soutenait le courage d'Allegro desespere. Mal-
gre la fatigue ecrasante il avait voulu partir avec
la petite colonne de renforts, et, toujours en avant,
il ne trouvait jamais que l'on marchait assez vite...

Comme on approchait de Bone, il apercut une
troupe dont il reconnut aussitöt les uniformes :
c'etaient les Turcs de Yusuf.

Fou de colere, il degaina et sans attendre ceux
qui le suivaient, il se precipita sabre haut sur les
meurtriers de son camarade d'enfance.

— He lä! He lä!

Les poitrails des chevaux se heurtent, un bras
nerveux arrete celui qui brandit l'arme homicide...

— Yusuf, tu n'es donc pas mort!

— Tu vois, petit bonhomme vit encore!

Iis ne devaient plus se separer, et, dans les
succes, dans les revers, dans la disgräce, dans le
triomphe, Allegro partagea joies et peines de son
ami qui, apres avoir echoue devant Constantine,
prit une eclatante revanche ä la Smalah, dont il
fut l'instigateur, a Laghouat, au Maroc, et finit
general commandant de corps d'armee ä Montpellier
, ä moins de soixante ans.

Allegro marcha moins vite, mais son fils, general
tunisien, joua un role preponderant dans l'organisa-
tion du protectorat, reve jadis par Yusuf...

Cetait un petit de l'ile d'Elbe, effleure par l'aile
de l'Aigle, et qui devint tres grand.

LE SOLEIL FAISAIT LUIRE. . .

A Charles de Borden

Le soleil faisait luire l'eau du puits dans le verre.
Les pierres de la ferme etaient cassees et vieilles,
et les montagnes bleues avaient des lignes douces
comme l'humidite qui luisait dans la mousse.
La riviere etait noire et les racines d'arbres
etaient noires et tordues sur les bords qu'elle räpe.
On fauchait au soleil oü les herbes bougeaient,
et le chien, timide et pauvre, par devoir aboyait.
La vie existait. Un paysan disait de gros mots
ä une mendiante volant des haricots.
Les morceaux de foret etaient des pierres noires.
II sortait des jardins l'odeur tiede des poires.
La terre etait pareille aux faucheuses de foin.
La cloche de l'eglise toussait au loin.
Et le ciel etait bleu et blanc, et, dans la paille,
on entendait se taire le vol lourd des cailles.

FRANCIS JAMMES


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