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LE MESSAGER DU RHIN
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— Eh bien disons six cents.
— Bon, marche pour six cents, puisque c'est toi *
Jules, mais quel tringeld?
— 10 Marks pour la fille...?
— Entendu, tope-lä! Tu donnes un acompte?
— Oui, cent Marks! »
Les deux tapent dans les mains. Le pere Humbert
pose cent Marks sur la table et dix Marks pour la
Baiesse. Iis chercheront le taureau dans huit jours.
« Encore un petit verre?... »
Julien, pendant ce temps, attendait toujouis de-
hors.
« Alors vous avez fait commerce?
— Oui, j'ai le taureau, on le cherche dans huit
jours. »
A ce moment la Louise apparait sur la porte de
la cuisine.
« Mais, Julien, tu ne vas partir comme cela sans
prendre une goutte? Rentre done un instant. »
Bourru, le pere Humbert repond pour lui :
« C'est pas necessaire, et puis il est temps de
rentrer. La Roussette se fatigue, ca ne lui vaut
rien...
— Oh c'est pas pour une goutte qu'il prendra
que cela fera, » insiste le pere Maiou.
Et le Julien entre. II s'assoit. Gentiment la Louise
lui verse sa goutte.
« A la tienne, Louise, je lui parlerai...
— Non, Julien, il ne voudra pas...
— Je lui parlerai... Dimanche, je te dirai... Au
revoir, Louise. »
Les deux redescendent sans parier. Jules Humbert
pense ä son marche... Une belle bete. Pas chere. —
Julien, sifflotant, reve ä sa Louise... Quelle belle
fille! Que les gens sont mechants! II la veut! II Laura!
Le soir devant le «Haa », souper traditionnel
dans ces hautes vallees, les deux mangent en si-
lence. La femme dans un coin de la chambre bat
timidement son beurre. Soudain le pere Humbeit
en epluchant une pomme de terre toute doree, leve
les yeux et regarde fixement son fils.
« Qu'est-ce qu'elle te racontait la fille Maiou lä-
haut? »
Le fils prend dans le saladier une fourchetee de
salade et ne repond pas de suite. II reflechit.
« Oh rien, c'est moi qui lui disait que ceux qui
n'etaient pas maries devraient partir bientöt. »
Le pere boit lentement quelques gorgees de lait.
« C'est pas que tu voudrais marier ca?
— Et pourquoi pas?...
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