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LE MESSAGER DU RHIN

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fidele. Qu'elle n'est pas la rouleuse qu'on raconte.
Oui je partirai...

« Eh, alors, tu ne reponds pas? Je te le dis, ce
n'est plus ta place ici. S'ils venaient vous ramasser
un de ces jours. Iis l'ont fait en Lorraine. Iis en-
cerclent le village un matin et puis tous les jeunes,
«Los, en route! » comme ils sont. II y en a qui
partent en sabots, sans veste, en habit d'ecurie;
qu'est-ce que tu en dis, Julien?...

— Pere, tu as raison. Je n'osais pas. Tu seras seul
pour ton ouvrage...?

— Bah!... s'ils te cherchaient, je serais bien tout
seul aussi.

— Bon... je partirai...

— Et quand?

— Apres-demain, si tu veux?

— Alors, bonsoir Julien, on en reparlera demain.»
Le Julien, hier, est monte aux Hauts-Bois. II a dit

au revoir ä sa chere Louise. Qa n'a pas ete tout
seul. Elle a pleure. Elle ne voulait pas qu'il parte.
Elle trouvait toutes sortes de choses contre. Mais
lui etait decide, on etait encore jeune, il lui don-
nait sa parole; ce serait eile sa femme; ce ne serait
peut-etre pas pour longtemps; et puis ils s'ecri-
raient; il lui donnerait son adresse, certes, un faux
nom, mais ils s'ecriraient... Elle vit bien qu'elle ne
pourrait le faire changer d'avis. Alors apres avoir
pleure beaucoup, eile aussi eile jura : « Oui je t'at-
tendrai, je ne sortirai plus, je ne parlerai plus ä
personne. Je preparerai mon trousseau. Je dirai au
pere d'elever le veau. On aura une vache pour
commencer, meme si ton Pere ne donne rien. Et
puis je prierai bien pour toi. »

D'autres serments encore..., qu'un long baiser
d'adieu vint sceller.

C'etait dans la brume du matin. Le jour n'etait
pas encore leve, et le brouillard se dandinait tou-
jours par les fonds. Le meilleur moment pour passer
. Le pere Humbert avait lui-meme voulu con-
duire son fils. On avait pris par la Quiche et la
Foret du Baä pour ne rencontrer personne. Puis le
pere avait marche devant. Tout droit dans la som-
bre futaie du Bas-Climont, qui ceint d'une noire
couronne le grand lourdaud de trapeze. Lä-dedans
des sentiers tant qu'on en veut. « Bien malin, s'ils
les connaissent jamais, ces boches. » Et puis tout
s'y faisait complice. Les gazons des sentiers etouf-
faient le bruit des pas. La brume, qui s'exhalait
d'un sol tout bourre de marecages, prolongeait la
nuit. Des masses de petits sapins epais poussaient
drus aux pieds des hautes futaies et faisaient un se-
rieux ecran. La boue gluante, les mares qui parse-
maient ces cheminements peu suivis, une assurance
contre les douaniers boches qui ne tenaient pas ä
y venir tremper leurs bottes toujours astiquees!

Les deux marchent en silence. Chacun enfoui
dans sa pensee. Le pere pense aux ouvrages, ä ses
huit betes qu'il ne pourra plus tenir. Et le gamin,
qu'est-ce qu'il fera de Lautre cöte? On a bien du
parentage du cöte de Saint-Michel. Mais c'est encore
bien pres de par ici. Enfin il a de Läge, il se
debrouillera.

Lui, le Julien, il siffloterait presque. II est content
. D'abord ce n'etait plus sa place. Et les scenes
tous les jours avec son pere, ä cause de sa Louise.
Sa mcre toujours pleurant. De Lautre cöte il se fera
une place et il reviendra chercher la Maiou. Oui.'...

II bute presque dans son pere qui vient de s'ar-
reter. Un bruissement, lä dans les haies sur la gau-
che. « Qa marche... couchons-nous! » Plus d'idees,
plus de pensees! Line volonte : pas se faire prendre
et passer. « S'il est seul, on lui casse la figure! »...

Rondc de printemps (A- Dubois)

Les taillis s'agitent de plus en plus, un bruit preci-
pite de pas! Un sanglier! Ah, on respire!

La premiere zone est passee. On est au pied du
Climont. Voilä son gros corps qui monte d'un coup
devant vous. Et les voilä montant tout droit dans
la haute foret. A longues enjambees, süres, fermes,
sans glisser. C'est donc leur Climont, un peu leur
complice! Iis l'aiment, et ils le savent : il les aime
aussi. On dirait qu'il fait ses troncs plus gros pour
les mieux cacher aux vues. Trois cents metres de
montee, puis, au juge, on tourne vers la gauche.
En ligne droite on contourne le trapeze, toujours
endormi. Lä, en bas des aboiements. C'est le village
du Climont. La douane. Le chemin de Lubine et du
Col d'LIrbeis. — Restons encore en hauteur. — II
est tout ä fait jour lorsqu'ils atteignent Lautre
flanc de la montagne. — Maintenant on pourra des-
cendre. Encore un coin dangereux : le chemin de
Bruche.

'< Reste derriere, j'irai en avant. Quand tu me
verras sur le chemin, tu passeras en vitesse. Cin-
quante metres plus bas, c'est la France. Devalle
alors, mets de la distance... et ecris-nous ce que tu
deviens. Souviens-toi que tu es un Humbert... que
ta mere et moi, on a toujours prie...


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