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LE MESSAGER DU RHIN
Le lendemain, Rodriguez, vetu d'im costume de
macon, s'achemina, vers la villa Douglas. Sous ce de-
guisement, il ne pouvait donner l'eveil, si bien qu'il
put examiner la partie assez isolee de la villa dans
laquelle devait avoir lieu l'enlevement. II revint
ensuite ä pas lents vers un carrefour, oü il rencon-
tra un autre macon qui n'etait autre que Lawson.
Tous deux, apres un long detour, regagnerent le
cabinet du detective, oü ils arreterent avec un soin
minutieux les dernieres mesures. Pedro avait dit
vrai en declarant, la veille, que Lawson avait bien
fait les choses. Les trente policemen, tries parmi les
plus habiles, devaient-etre Caches en des endroits
judicieusement choisis et repartis de teile facon
qu'ils pussent non seulement se preter main-forte,
mais encore entourcr la voiture au signal convenu.
Independamment de ces precautions, Rodriguez
voulut s'assurer par lui-meme que les policemen
engages dans l'aventure connaissaient parfaitement
leur consigne et se rendaient compte de l'impor-
tance de leur mission. II les fit venir separement, les
interrogea, leur fit repeter les instructions recues.
Rassure alors, il se retira chez lui, oü il s'enferma
pour mediter ä son aise sur l'emploi de son temps.
C'etait le jour suivant que devait s'accomplir le
drame. Les heures qui le separerent de l'evenement
parurent longues ä Rodriguez. Tant de fois dejä il
avait cru tenir Marfil! Etait-il bien sür qu'il ne lui
echapperait pas?
YV.E
Une automobile s'arreta dans la rue deserte
Apres une nuit agitee, il gagna son cabinet et
compulsa ses notes. Un instant, il eut l'idee d'en-
voyer Pedro ä la recherche de Juan, puis il se ra-
visa. Marfil devait redoubler d'attention. A quelques
heures de l'enlevement il etait assurement aux
aguets; la moindre imprudence pouvait tout per-
dre, le detective se contenta de recommander ä
Pedro et ä Lawson une prudence extreme. Les hom-
mes de police sous leurs ordres devaient se rendre
aux postes qui leur etaient assignes individuelle-
ment et sous des deguisements. Aucune parolc ne
devait etre echangee; aucun signe d'intelligence ne
devait laisser supposer qu'ils se connaissaient.
Lawson assura ä son chef que ses instructions se-
raient scrupuleusement suivies, et il n'y eut plus
pour Rodriguez qu'ä attendre les evenements.
A la tombce de la nuit, une automobile de cour-
se s'arreta dans une rue deserte, non loin de la villa
Douglas, ainsi qu'il etait convenu, et trois hommes
en descendirent. Par un exces de precaution bien
digne de Marfil, ils se dirigerent d'un pas tranquille
vers la villa en prenant chacun un chemin diffe-
rent. Mais ils en avaient ä peine atteint les abords
qu'un coup de sifflet rententit.
— Qu'est-ce que cela? commenca Marfil.
Mais il n'eut pas le temps d'en dire davantage.
En un clin d'ceil les trente policemen etaient sur les
lieux, toutes les issues etaient gardees, et les cou-
pables saisis au collet par des poignes vigoureuses,
s'acheminaient vers la prison. Marfil ecumait de
rage, mais ce fut bien pis lorsque Rodriguez, s'a-
vancant, lui frappa sur l'cpaule, en s'ecriant d'un
ton qui manquait de douceur :
— Eh bien, Sancho, nous t'avons eu!...
Le bandit chercha ä se degager; une rüde secous-
se le rappela ä la realite.
— Mettez-lui les menottes, commanda Rodriguez
, et en avant!
*
Line enquete fut ordonnee au domicile de Sancho
(dont Juan donna l'adresse), et l'on decouvrit des
documents de la plus haute importance. Iis prou-
vaient en effet de facon indeniable, que Sancho
Marfil etait Tun des chefs d'une vaste association
de malfaiteurs, qui songeaient ä enlever un certain
nombre d'enfants riches et de vedettes, pour en
tirer de fortes sommes. Dans ses papiers figurait le
nom du jeune Jackie Coogan, pour lequel une ran-
con de un million de dollars aurait ete exigee. On
concoit qu'une semblable prise etait bien faite pour
rejouir la police. Aussi Rodriguez fut-il chaude-
ment felicite. Sur sa demande, Pedro obtint leposte
d'inspecteur, qui lui avait ete promis, tandis que
les policiers engages dans l'entreprise recevaient
des recompenses appropriees ä leurs Services.
Mr Puck, averti de ce qui s'etait passe, se montra
genereux comme ä l'ordinaire. II va sans dire que
Juan fut remis en liberte et qu'une forte prime lui
fut comptee. On l'engagea toutefois ä qunrter Los
Angeles, ce qu'il fit sans se faire prier.
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