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http://dl.ub.uni-freiburg.de/diglit/messager_rhin_1948/0071
LE MESSAGER DU RHIN

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A une lieue environ ä l'ouest
de Colmar, se dresse une mon-
tagne appelee Hohlandsberg, d'oü
l'on jouit d'une vue splendide sur
la plaine d'Alsace jusqu'ä la Fo-
ret Noire et jusqu'aux Alpes
Suisses. Sur ce sommet s'elevent
les ruines d'un ancien chäteau
aux vastes proportions, qui n'est
accessible que par une petite
porte placee ä Tun des angles
meridionaux et dont les restes
imposants disent au touriste qui
les visite la puissance de ses an-
ciens maitres. C'est le Hohlands-
bourg.

Plus bas, au levant, dans une
gorge de la montagne, au milieu
des bois, se trouvent les restes
d'une petite chapelle que de vieil-
les traditions consacrent ä sainte
Gertrude.

De merveilleuses legendes se sont brodees sur ce
chäteau et cette chapelle, et nous n'avons pu re-
sister au desir de faire connaitre celle qui suit, qui
nous a paru des plus interessantes.

Lorsque l'empereur Frederic Barberousse quitta
Kaysersberg pour aller combattre l'Infidele, en Pa-
lestine, il appela son fidele Wolfelin et lui dit :
« Je pars en Terre-Sainte, Dieu le veut! Puisse-je
chasscr Saladin des lieux sacres, faire tomber les
fers de Lusignan et delivrer le Tombeau de Notre-
Seigneur! Wolfelin, je te confie l'Alsace. Tu le
sais, nombre de mes vassaux refusent de me suivre
et comptent sur mon absence pour augmenter leur
pouvoir et ecraser le peuple : c'est ä toi de les en
empecher. Je connais ta sagesse : tout ce que tu
feras sera bien fait. »

Frederic partit et ne revint pas. En ce temps
l'Alsace gemissait sous le joug d'une multitude de
grands et petits seigneurs qui, divises d'interets et
se craignant les uns les autres, se partageaient ce-
pendant les depouilles des habitants de la plaine et,
leurs coups faits, se retiraient dans leurs rcpaires feo-
daux dont on peut encore admircr les ruines sur de
nombreux sommets des Vosges.

Wolfelin etait habile ; mais ce nc fut qu'en
fremissant que les seigneurs lui apporterent leur
hommage. Eberhard, comte d'Eguisheim, le plus
puissant de tous, n'avait meme point paru ä
Kaysersberg, et Wolfelin, qui craignait l'ascendant
de ce seigneur et prevoyait des luttes, voulut,
pour surveiller ses intrigues et montrer qu'il les
bravait, s'etablir pres de lui et fit construire le
Hohlandsburg.

Les seigneurs s'irritercnt, mais le temps de la
revolte n'etait pas encore venu. En effet, Frederic
triomphait en Palestine. En France le petit-fils de

CRIME

ET

EXPIATION

Ltiädita du

Transmise par RUHLMANN,

ancien et dernier Principal du
College de Thann avant 1870

Louis VI, Philippe-Auguste, fon-
dait, comme son a'ieul, la force
du tröne sur l'affranchissement
des communes. Wolfelin etait
tout-puissant. II fallait attendre.

Mais bientot on apprend que
Frederic est vaincu, son armee
taillee en pieces. Le moment pa-
rait favorable. Sous pretexte
d'une grande chasse se reunissent,
au Lac Noir, Eberhard d'Eguisheim
, Harold de Hohenhattstadt,
Gerard de Rappolstein, Rodolphe
du Schlosswald et Hugues de
Hohnack. La une vieille sorciere
leur annonce que Frederic n'est
plus et qu'ils reussiront dans leur
entreprise. « Qui nous Commandern
? » demandent-ils.. «Eberhard
! » — « Quel sera le sort de
Colmar? » — « L'esclavage. » —
«Celui de Wolfelin?» — « La
mort. » — « Soit fait comme tu l'as dit, » s'ecrie le
Comte d'Eguisheim, « Colmar est ä nous; le Hohlandsburg
ä celui qui le premier plantera sa ban-
niere sur ses murs. Guerre aux empereurs! Amitie
entre nous! Independance pour chacun! Je le jure!»
Et tous jurerent.

Huit jours apres les flammes ravageaient Colmar,
les moissons de la plaine etaient saccagees, le se-
jour des empereurs detruit, la banniere d'Harold
flottait au Hohlandsburg et Wolfelin avait disparu.

Les annees s'ecoulerent. Harold, dans la force de
l'äge, gouvernait en tyran tous les lieux d'alentour
et nul ne regardait sans fremir les murs du Hohlandsburg
, d'oü parfois descendaient ä la nuit des
cavaliers armes qui allaient semer la terreur dans
la plaine ou les vallees.

Un vieillard, nomine Leopold, habitait alors une
petite cabane sise au levant, dans une gorge boisee. Ses
vertus et son grand äge le faisaient respecter de tous
et Harold le craignait, car il etait doue, disait-on d'un
pouvoir surnaturel. On assurait meme que parfois une
femme tout de blanc vetue, et s'appuyant sur une
grande epee, venait pres de lui alors qu'il etait en
priores aupres d'une croix plantee dans son jai'din.

Quelquefois trois beaux enfants, conduits par
l'ecuyer d'Harold, le cruel Heinrich, descendaient
du chäteau et venaient, apres une promenade ä tra-
vers les bois, faire un gcüter champetre chez le
vieillard qui les recevait avec respect et leur offrait
de bon cceur ce qu'il avait, car il airnait ä voir leur
joie na'ive et leur tendresse mutuelle.

Raoul, ä quinze ans, etait dejä doue d'une raison
au-dcssus de son äge. Albert, qui ne comptait qu'un
an de moins, avait encore toutes les gräces de
l'enfance. Les deux freres, inseparables, mettaient
en commun leurs travaux et leurs joies. LIn lien
charmant semblait les unir encore plus : Clotild;,
leur jeune sceur, belle comme les premiers rayons


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