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LE MESSAGER DU RHIN
II y a t r o i s s i e cle s : i 6 4 8 -1 g 4 8
LA REUNION
DE LA LS ACE A LA FRANCE
Cette annee-ci on fete le troisieme centenaire de
la reunion de LAlsace ä la France, le grand evene-
ment qui a ete d'une importance capitale pour les
destinees de l'Alsace et meme de la France.
En 1648 la terrible guerre de Trente Ans se ter-
mina par les traites de Munster et d'Osnabrück.
Sous la direction energique du cardinal de Richelieu
la France etait
intervenue dans la
guerre en 163 5 pour
secourir la Suede et
pour empecher la
toute-puissance de
la maison de Habs-
bourg. Les armees
francaises comman-
dees par de brillants
generaux, comme le
jeune duc d'Enghien
et Turenne, rempor-
terent des victoires
eclatantes; l'Empire
et les Habsbourg du-
rent s'avouer vain-
cus et accepter les
conditions de la
France et de la Suede.
LAlsace avait ete
lourdement eprou-
vee par la guerre.
En 1632 les Suedois
avaient conquis le
pays et l'avaient af-
freusement pille et
saccage. En 1634 ils
cederent les places fortes ä la couronne de France.
Mais la guerre continua. Sans cesse des armees
passerent ou s'installerent dans les villes et Vellages
. La population souffrit atrocement des exac-
tions et cruautes de la soldatesque, la peste et la
famine sevirent cruellement, de sorte que pres de
la moitie de la population disparut, que des cen-
taines de villages etaient detruits, que la prosperite
du pays etait ruinee pour longtemps. De cette facon
la guerre de Trente Ans est bei et bien la catastro-
phe la plus grande dans l'histoire de LAlsace.
Des 1644 les negociations commencerent dans
les deux villes de Westphalie, Munster et Osna-
Les clefs de la ville de Strasbourg offertes ä Louis XIV
(d'afres une vieille gravure)
brück. Les representants alsaciens etaient pour
Strasbourg le docteur Otto et pour les dix villes
imperiales, la Decapole, le Colmarien Balthasar
Schneider. Les negociations trainerent longuement,
jusqu'ä la defaite complete des armees imperiales.
Le 24 octobre 1648 le traite fut signe en languc
latine. Plusieurs articles concernent LAlsace. La
maison de Habsbourg
devait ce-
der toutes ses pos-
sessions alsaciennes,
donc le Sundgau,
Brisach (le Vieux-
Brisach actuel) et les
seigneuries autri-
chiennes de la Hau-
te-Alsace avec leur
centre Ensisheim, le
landgraviat de Llau-
te-Alsace qui com-
prenait la juridiction
supreme sur tout ce
territoire, puis le
grand-bailliage imperial
dAlsace dont
dependaient les dix
villes (Haguenau,
Colmar, Munster,
Turckheim, Kaysers-
berg, Selestat, Ober-
nai, Rosheim, Wis-
sembourg, Landau)
et les quarante villages
imperiaux au-
tour de Haguenau,
et finalement le landgraviat de Basse-Alsace qui,
il est vrai, n'etait plus qu'un titre, mais qui per-
mettait au roi de France de se considerer comme le
chef de tout ce territoire.
Certes, il etait dit que Limmediadete d'Empire
etait laissee aux puissances alsaciennes (eveque de
Strasbourg, comtes et seigneurs de Ribeaupierre, de
Hanau-Lichtenberg, de Fleckenstcin, de la Petite-
Pierre, de la chevalerie imperiale de la Basse-Alsace,
dix villes imperiales) comme auparavant, avec la
restriction pourtant, « ita tarnen...», que les droits
du roi de France ne seraient nullement atteints par
ce droit.
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