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http://dl.ub.uni-freiburg.de/diglit/messager_rhin_1948/0081
LE MESSAGER DU RHIN

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Comme on le voit, le texte n'etait pas clairement
formule, ä dessein d'ailleurs, et il pretait moyen ä
des equivoques facheux. Les diplomates l'avaient
voulu ainsi : la puissance la plus forte et la plus
decidee tenait le sort de l'Alsace en main. Ce fut
le roi de France, Louis XIV. En peu d'annees il ar-
riva ä se rendre maitre de toute l'Alsace et ä garder
la province.

Que de livres, d'articles de revues et de journaux
ont ete ecrits, que de violentes polemiques ont ete
menees au sujet de ce traite de Munster! Nous ne
les reprenons pas. Nous tenons ä marquer les ca-
racteristiques essentielles et ä etablir l'importance
de la date et de l'evenement. Le grand fait est lä :
1648 est le point de depart capital : la couronne de
France se fit attribuer une grande partie de l'Alsace
et sut dans la suite reunir toute la province au
royaume. Le roi de France remplaca l'empereur du
Saint Empire romain germanique et les archiducs de
la maison de Habsbourg. Le peuple meme ne se ren-
dait guere compte du changement, il gardait ses
differents seigneurs qui Tun apres Lautre recon-
nurent la souverainete du roi de France et entrerent
ä son service et dans ses armees. Les dix villes
libres certes craignirent pour leurs libertes, elles
firent d'abord de l'opposition ä la politique francaise
, mais elles cederent ä la fin et s'habituerent
au nouveau regime de meme que la capitale du
pays, Strasbourg, que Louis XIV reunit ä la France
en 1681.

Le roi et ses administrateurs se rendirent parfai-
tement compte des difficultes enormes pour gou-
verner ce pays qui avait une Situation toute diffe-
rente de celle des autres provinces francaises. Le
mot de Louis XIV « Ne touchez pas aux choses
d'Alsace.' » resume tres bien la politique francaise.
Rien ne fut brusque, mais peu ä peu un nouvel
ordre, une nouvelle Organisation furent introduits
au grand avantage du pays,
qui, en retour, commencait ä
rendre des Services importants
ä la couronne francaise.

Si le XVIIe est le siecle du
grand changement, de l'etablis-

sement d'un nouvel ordre de
choses, le XVIIP est le siecle
de l'adaptation. Quand on
etudie cette epoque on gagne
l'impression d'un pays bien
administre et gouverne dans
lequel il n'y a aucune velleite
d'opposition. Au contraire,
l'Alsace s'ouvre de plus en
plus au courant de la civilisa-
tion, des mceurs, des costumes,
des arts de Lautre cote des
Vosges, Strasbourg devient un
petit Paris, les residences sei-
gneuriales sont autant de pe-
tits Versailles. Dejä les Alle-
mands viennent en Alsace pour

y apprendre ä connaitre la civilisation francaise.
Une lente et feconde evolution se fait qui unit
fortement l'Alsace ä la France.

Vient alors la secousse formidable de la Revolution
francaise. Maintenant les cceurs battent ä
l'unisson, les principes de liberte, d'egalite et de
fraternite font tressaillir les Alsaciens au meme
titre que les Parisiens ou les Lyonnais; au meme
chant de la Marseillaise, creee ä Strasbourg, ils
s'elancent vers l'ennemi. L'epopee napoleonienne
cimente encore plus fortement l'union des Alsaciens
et des autres Francais. Les generaux d'origine
alsacienne sont tellement nombreux et celebres, et
la legende napoleonienne ne fut nulle part repan-
due plus fortement qu'en Alsace par les innombra-
bles veterans. Le XIX6 siecle complete par un deve-
loppement economique intense l'ceuvre de fusion :
l'äme alsacienne, tout en gardant son particularisme,
devient par un consentement libre et spontane in-
tensement francaise.

Lorsqu'en 1871 l'Alsace est retranchee de la
communaute francaise, c'est contre la volonte de
la population que cette Separation se fait. L'Alsace
garde sa fidelite ä la France jusqu'en 1918, et de
meme eile la garde encore une fois de 1940—45.

Tout ce qui s'oppose ä ces affirmations, l'idee
de race ou de langue ne compte pas. Reprenons les
phrases de Fustel de Coulanges qu'il a lancees cin-
glantes ä la face de l'historien allemand Mommsen
en 1870: «Les hommes sentent dans leur cceur
qu'ils sont un meme peuple, lorsqu'ils ont une
communaute d'idees, d'interet, d'affections, .de
Souvenirs et d'esperances. Voilä ce qui fait la pa-
trie. » Et par ce sentiment de la patrie, l'Alsace est
francaise. Depuis la Revolution francaise, continue
Fustel de Coulanges, « l'Alsace a suivi toutes nos
destinees, eile a vecu de notre vie. Tout ce que
nous pensions eile le pensait; tout ce que nous
sentions, eile le sentait. Elle a partage nos victoires
et nos revers, notre gloire et nos fautes, toutes nos

Pillage d'un village pendant la guerre de Trente Ans (Gravüre de Callot)


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