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LE MESSAGER DU RHI'N

paysagiste, et ses tableaux furent ä
juste titre apprecies pour leur pro-
rondeur poetique et pourla fines-
se de l'execution. L'artiste-peintre
etait poete dans ses tableaux.

La sante tres delicate l'obligea
ä renoncer ä la peinture d'apres
nature, mais alors ce jeune mai-
tre se revela excellent composi-
teur. II composa des chants reli-
gieux, des «Lieder», des mor-
ceaux pour piano, pour orgue et
pour instruments ä cordes. Puis
ce furent des operas de Salon
qu'il fit representer dans son
Tusculum ä Issenheim : la « Belle
au Bois dormant», la « Premiere
Piece d'Or », « Cendrillon ».
Cette derniere oeuvre, penetree
d'un charme poetique, fut repre-
sentee ä la Bourse de Mulhouse.
Spetz avait ecrit le texte et com-
pose la musique pour roles de
femmes, avec chceurs et ballets.
Auguste Stoecklin, egalement ori-
ginaire d'Issenheim, doue d'un
grand talent musical, avait or-
chestre cette ceuvre scenique quj
fut vivement applaudie.

Georges Spetz est certainement
plus connu par ses poesies, ses
ceuvres litteraires. Nous pensons
en premier lieu aux «Legendes
d'Alsace » que la Revue Alsacien-
ne Illustree fit publier en editions
de luxe (1905 et 1910). Des ar-
tistes remarquables de notre petit
pays, — tels Henner, Spindler,
Sattler, Schnug, avaient illustre
d'une facon splendide les poesies
de Spetz. Illustrations et texte y
forment un ensemble harmonieux
qui reflete une profondeur de
sentiments et une poesie souvent
melodieuse. Puis ce fut son poeme
« Theodelinde de Freundstein »,
poeme dramatique tire de la legende
bien connue de la fille noble
du seigneur Waldner de
Freundstein. Le poeme que Spetz
a d'ailleurs dramatise en une
piece de theätre (avec musique
d'Auguste Stoecklin) est riche en
scenes charmantes d'un lyrisme
touchant et en episodes d'un he-
roi'sme vibrant. Ilfinitharmonieu-
sement par l'epilogue : « Les deux
arbres du Freundstein», qui,
d'apres la tradition, prirent nais-
sance ä l'endroit, oü le seigneur
de Waldner et sa noble fille se
preeipiterent dans l'abime pour
sauver l'honneur :

-• Dans le sol impregne du sang

pur des victimes,
Sous la mousse rougie au profond

des abimes,
Oü le pere et la fille en un supre-

me effort,
Pour sauver leur honneur avaient

trouve la mort...

Et les siecles passaient! Jusqu'un

jour, sur la Cime,
Au sommet du rocher qui sur-

plombait l'abime,
S'eleva dans le ciel, et dominant

les bois,

L'embleme du pardon : une hum-
ble et simple croix.

Et quand la nuit obscure enve-

loppa la terre,
Du gouffre on entendit les deux

voix en priere
Qui montaient lentement vers le

signe sauveur :
Et des cieux descendit un hymne

redempteur! »

Spetz publia en outre un poeme
sur Thierenbach, ceuvre qui
reflete la piete profonde de l'au-
teur et la culte sincere qu'il vou-
ait ä Notre-Dame. Pres de l'autel
de la Vierge de Thierenbach, le
pelerin peut lire sur marbre blanc
une Strophe touchante, dediee ä
Notre-Dame, Ex Voto poetique
du fils distingue d'Issenheim.
Faut-il encore mentionner la pla-
quette Offerte aux souscripteurs
du monument J.-J. Henner ä Bern-
willer, ses poesies parues en 1908
et ajoutees ä une edition de ses
«Legendes d'Alsace» ou son livre
interessant les gourmets « L'Alsace
Gourmande d'autrefois » ?

A Läge de 5 8 ans, il avait
commence ä faire des vers : « et
ce n'est pas seulement», dit-il
un jour, « par besoin de musicien
ä qu'il faut des paroles pour y
adapter de la musique, que je mis
a rimer, — mais par pur besoin in-
tellectuel. La peinture et la musique
ne suffisaient plus ä tra-
duire au dehors tout ce qui vi-
brait en moi et demandait impe-
rieusement ä etre exhale . . .

II fut egalement un grand col-
lectionneur d'art. Issenheim, ja-
dis grand centre artistique de
toute la region, connu par le
couvent des Antonites, dont l'e-
glise gardait le retable poignant
de Maitre Mathis, dit Grünewald,

et des oeuvres delicieuses du grand
Martin Schongauer, redevenait
une fois de plus le rendez-vous
des amis d'art et d'antiquites. Le
chäteau Spetz se transforma en un
musee unique, dont des revues et
des livres ont chante les riches-
ses et les beautes. La Collection
Spetz avait une reputation euro-
peenne. A y penser fait mal au
cceur, fait ressentir profondement
la perte irreparable pour notre region
: eile fut vendue ä un ache-
teur de Nice! Anselme Laugel a
denne une etude detaillee (Revue
Als. Illustree, vol. II, p. 141 ss.)
des objets assembles avec une
vraie passion dans le chäteau pai-
sible d'Issenheim. Faut-il rappeler
la statue en bois sculpte de
Saint Henri, la Vierge d'Issenheim
(Paris, Louvre), la statue expressive
de Saint Georges terrassant
ie dragon (Musee Historique de
Mulhouse), des vitraux au XVP
siecle, le buste en bois represen-
tant Saint Antoine l'Ermite, la
collection süperbe de Fai'ences de
Niederweier, de Strasbourg, de
Delft, les innombrables cuivres et
etains travailles avec un soin mi-
nutieux, les gobelins et les gra-
vures, les tableaux et les minia-
tures, les lithographies et les cre-
dences, des groupes en bois sculpte
, tel celui de la Vierge, de
Sainte Anne et de l'Enfant Jesus,
des panneaux et des triptyques?
Queis tresors d'une beaute clas-
sique, quelles richesses procla-
mant hautement le röle artistique
de nos anciens couvents de
Rouffach et de Marbach, de Lucelle
et de Murbach, de Guebwil-
ler et d'Issenheim! Ces Souvenirs
d'un passe glorieux avaient trouve
en Georges Spetz le collection-
neur d'antiquites attache profondement
au sol natal qui avait
vu naitre tant de beautes, le con-
naisseur enthousiasme, le gardien
classique et fidele.

Georges Spetz qui, malgre ses
succes et les distinetions bien
meritees, etait reste l'homme mo-
deste, s'eteignit doucement le
11 novembre 1914 dans son Tusculum
d'Issenheim. Sa depouille
mortelle repose au eimetiere de
son village natal dans le sol
d'Alsace qu'il avait ahne de toute
son äme.

Paul STINTZI


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