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LE MESSAGER DU RHIN

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4

tu

O

Moutarde, houblon, cas-
sis, la terre de Bourgogne
a d'autres quartiers de no-
blesse : Place au vin! Sa
garde d'honneur lui fraye
im passage: toges, epitoges,
bonnets carres rouge et or,
«les chevaliers du Taste-
vin » sont lä! Iis sont re~
montes pour defiler de-
vant nous des profondeurs
du caveau de Nuits-Saint-
Georges, ou le grand-maitre,
fourre d'hermine, vient de
donner l'accolade ä un

nouvel aspirant apres lui avoir frappe l'epaule d'un
cep centenaire.

Que le vin ait sa cour, qui en peut douter?
Depuis Noe, le fruit de la vigne fait couler dans les
veines sante et joie :

Buvons! le jour n'est pas si long que voys,
Je perds, amis, mes soucis quand je bois.

La Bourgogne a ete particulierement touchee par
le thyrse de Bacchus; eile presente 4000 hectares
de vignes au soleil, en 60 kilometres sur une pro-
fondeur moyenne de 650 metres.

Avant d'apprecier la saveur chaude et delicate
d'un Bourgogne ä la robe sombre ou rutilante,
savez-vous son histoire?

Sachez d'abord que, meme en Bourgogne, tous
les cepages ne sont pas d'elite : le « pinot », issu de
cepage noble, donne les vins fins; il est de bien
plus petit rendement. Le « gamay», cepage plus
ordinaire, produit le « passe tout grain », vin de
moindre lignee.

Pinot ou gamay ne sont pas plus que les enfants
des hommes ä l'abri des epidemies; avant 1 88 8, les
ravages du phylloxera furent tels qu'il fallut envi-
sager une reconstitution des vignobles. Elle se fit
par les plants de vigne americains. Pour empecher
de nouvelles invasions du fleau, on a experimente
qu'il faut que la partie en terre soit de provenance
americaine, et que les rameaux porte-fruits soient
francais.

Voilä donc cette fois le cep viable, mais ici com-
mence le grand labeur du vigneron.

Dieu! quel metier de galere
Que d'etre vigneron!
Toujours gratter la terre
En toutes les Saisons!

En novembre, c'est l'enlevement des echalas cu
« depaisselage », ils sont reunis en tas ou «bordes»;
on a bien soin de separer les echalas brises qui fe~
ront les frais des bonnes flambees d'hiver. L'annee
ne finira pas sans qu'on se tourmente encore de ces
vendanges : vers Noel, il faudra faire du binage ou
du terrage, Operation qui consiste ä apporter de la
terre nouvelle. Et puis, meme l'hiver la vigne ne

o

Riehe Hourdoüne

dort que d'un ceil; en fe-
vrier, mars, les bourgeons
sont impatients de sortir, il
faut assurer l'avenir par une
taille savante : le pinot tres
selectionne est prepare par
un seul sarment vertical,
tandis que le gamay est
taille bas en couronne.
Alors avec sa « mielle », le
vigneron laboure sa riche
terre pour lui faire rendre
davantage, c'est le « bouai-
chage ». Si bisn soigne, le
sarment grandit vite, le tu-
teur en chätaignier le soutiendra. En mai, second la-
bourage au « fesson ». Puis, si frais que soit le pam-
pre, la maladie le guette, on Ten defendra par un
premier sulfatage. En juin la souche genereuse a
dejä fourni tant de bourgeons gourmands qu'il faut
proceder ä l'ebourgeonnage. On fait mieux encore
par le « rognage » qui transformera ces kilometres
de vignes en un immense tapis, mer de verdure sans
une seule vague, tous les sarments ayant ete cou-
pes ä la hauteur de l'echalas. Juillet, aoüt pour-
suivent binage et tiercage jusqu'aux grandes semai-
nes des vendanges!

Cette fois tout le monde est sur pieds ! et tout
le monde, ce n'est pas assez! Jadis on embauchait
les vendangeurs « veninjoux » ä la louee de Dijon,
Porte Saint-Guillaume, ou de Beaune, Porte Saint-
Nicolas. Depuis 3 heures du matin, ils etaient lä,
12.000 ä 15.000 hommes et femmes, tellement on
tenait au travail en ce temps-lä! Et pourtant quel
salaire :

Allons en vendange pour gagner cinq sous,
Coucher sur la paille, ramasser.. . des poux,
Manger du fromage . ..
Qui pue comme rage ...

Rassurons-nous, le veninjoux mangeait en compen-
satien jusqu'ä 8 kilogrammes de raisins par jour.
La vieille chanson du «veigneron» est plus re-
confortante :

Le soir nous rentrons des vignes,
Comme ca, pas trop tard;
J'apercevons d'sus la ville

Un epais brouillard.
C'est les cheminees de nos cambuses

Qui sont enflambees,
Nos cambusieres qui s'amusent

A fairß nos soupees.

A chaque equipe de huit ou dix coupeurs est at-
tache un « vide-paniers », qui porte le contenu des
« vendangerots » (3 ä 5 kilogrammes) dans le « be-
naton ». Tous les benatons sont verses dans la
cuve, ou « ballonge », qui sera portee dans le cel-
lier. C'est lä que se fait la vinification.


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