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LE ME S SAGE R DU RHIN

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Tout en deblai et tout de lave, voilä Rochefort
aux trois tournants fantastiques. La se tenaient des
foires fameuses dans ces cantons d'elevage. Partout
les foires ont perdu aujourd'hui. Rochefort-Mon-
tagne a pourtant garde un air de prosperite solide.

Carrement etablis, les logis ont une facon non
plus mediterraneenne, comme en Limagne, mais
nordique. Toutes les toitures glissent en pente
raide ä cause des neiges. Les plus agrestes restent
les chaumes, epaissis de mousses, aigrettes d'herbes
folles. Le pignon est en escalier dalle, et lä-haut,
par la cheminee de pierres brutes, pourrait bien
passer une chevre, sinon une vache. Les vieux toits
de lauzes sont d'ecailles soyeuses, ä reflets d'ar-
gent, qu'un liehen vient guillocher d'or. Ces ecail-
les aussi larges qu'un seuil sur la facade, vont en
diminuant vers la faitiere.

Sitöt la rampe de Rochefort escaladee, on trouve
les landes. Ce sont des nappes de basalte etalees
parmi les rameaux de montagne issus de la Banne
d'Ordanche. Elles se sont epanchees dans ce qui
etait alors les vallees et les ont protegees d'une
carapace, tandis qu'au long des millenaires l'entre-
deux moins dur se rongeait : les fonds d'autrefois
sont devenus les hauts d'aujourd'hui.

Laqueuilie reste encore dans le royaume des Monts
Dore; c'est un lieu vert et froid. Hechier dut penser
ä Laqueuilie lorsqu'il ecrivit qu'en Auvergne

l'hiver dure huit mois et le froid douze. Mais la
vue s'offre de tous ces sommets, des nuages s'en-
roulant, se melent ä leurs blancheurs, glissant avec
lenteur au defaut de leur flanc et d'entre leurs
crans poussant la tete. Les beaux nuages qui mettent
au-dessus du massif un autre massif, plus enleve
dans l'air, fait de neige, de vent et de lumiere
doree.

Des arbres de maigre vie, un herbage pauvre. Ici
le volcanisme n'a pas repandu assez de scories pour
fournir des terres ä grand rendement. De loin en
loin se disseminent trois burons. C'est lä que pen-
dant l'ete se fabriquent les fromages dits de Saint-
Nectaire. Laqueuilie est leur centre de vente.

En tirant vers les monts, quel beau pelage
d'herbe! Un foin d'epaisseur drue, que ni genets ni
ajoncs ne tracassent; un foin fourni, luisant, peigne,
foisonnant bien sur ces croupes de basalte que les
neiges fondantes ont imbibees et decomposees len-
tement. Les troupeaux sont la grande richesse.
Rochefort et sa « planeze » ont ete le berceau de la
race ferrandaise, qui est ä la race de Salers ce que
ces monts sont ä ceux du Cantal.

Cela fait un pays fort en nature qui a eu de tout
temps son gros renom de prosperite et puisse main-
tenant ce grand pays pastoral, maigre les annees de
vaches grasses et les annees de vaches maigres, se
refaire sous le ciel un bonheur sans histoire.

(D'aprcs Henri Pourkat)

Snercjicjue Savoie

Terre de frontiere, blottie au creux de ses val-
lons, butee au front de ses geants rocheux ä la robe
verte, rousse ou blanche! Terre de passage et d'in-
cursions! Terre de lutte et de defense, oü, les sangs
gaulois, piemontais, lombards, sarrasins, se melerent
de gre ou de force.

On y retrouve le grand front bossele des Allo-
broges, le doux sourire et le lent parier chantant
des vallees d'Aoste. Le bon sens montagnard s'y
tempere de souplesse italienne et d'ironie gauloise.

Comme la vie s'y debattit longtemps contre de
durs problemes et que les horizons s'y inscrivent
en de larges plans precis, la race ne peut s'offrir
que rarement le luxe de poetes et d'artistes. Elle y
forgea surtout de grands laborieux, d'honnetes gens
et, de-ci de-lä, des saints dont eile fit hommage ä
Dieu.

Sa plus grande figure est celle de saint Francois
de Sales qui l'impregne encore de son genie doux et
subtil.

Peu de monuments dignes d'admiration et, pour
ses eglises, aux clochers bulbeux et aux beaux re-
tables dores, un style composite influence d'italia-
nisme et surcharge de trompe-l'ceil. Un folklore assez
rudimentaire, tiraille entre des traditions fran-
caises, suisses et sardes, un heritage plus oral
qu'enclos en de savants in-folio. Dans le XIX6 siele
, une seule conteuse, Amelie Gex, a recueilli en

patois savoureux des histoires transmises aux veil-
lees.

Parmi ceux qui servirent le mieux la Savoie, la
plupart venaient d'ailleurs : soit pour la traverser
comme la voie d'Italie ä la maniere des grands
guerriers romains ou des fresquistes florentins qui
payaient le droit de gite en decorant les chapelles
de Tarentaise et de Maurienne, soit pour s'y attar-
der et l'immortaliser de leur propre richesse, tels
Rabelais, Montaigne, le Jean-Jacques Rousseau des
Charmettes, le Lamartine du Bourget.

Mais si l'ceuvre des hommes a toujours en cette
contree vise plus ä la vie meme qu'ä sa transposi-
tion dans le domaine des arts et des lettres, l'ceuvre
de Dieu s'y depasse elle-meme en magnificence. Le
touriste n'a que l'embarras du choix.

Voulez-vous saluer la capitale Chambery, qui
groupe ses vieux hotels aux nobles faces et aux pa-
tios obscurs, ses portiques italiens et ses etroites
venelles autour du palais ducal?

Aix-les-Bains, la mondaine, penchee sur le mi-
roir de son lac romantique? . .. Lamartine y aima
Elvire. Des femmes y rivalisent d'elegance. On joue
gros jeu ä son casino. Mais bien des gens y vien-
nent, plus modestement, y faire des eures; Verlaine
soigna lä-bas sa gorge delabree. La contree est gra-
cieuse ä souhait et le beau tremplin de ski du Re-
vard est tout proche.


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