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LE MESSAGER DU RHIN

excursions qui les obligent ä rester des semaines,
des mois absents de leur campement. Les bagages
ne les genent point; quelques vivres, une outre
pour l'eau, leurs armes inseparables, et les voilä
partis. Iis comptent, pour subsister au cours de
leurs peregrinations, sur le gibier dont la brousse
est abondamment pourvue, et surtout sur l'hospita-
lite qu'ils sont sürs de recevoir a tous les campe-
ments rencontres. Au besoin, ils savent d'ailleurs
se contenter de peu de choses, et les fruits apres
du balanite, la tige souterraine, si amere pourtant,
de l'asphodele, les gousses des mimosees, leur suf-
fisent des journees entieres.

Pour eviter l'excessive chaleur, ils voyagent sou-
vent la nuit. Par ces splendides nuits tropicales
qu'eclaire toujours le scintillement des etoiles ou
la pale clarte de la lune, qui, sous ces latitudes,
reflete une lumiere beaucoup plus vive que celle
qu'elle nous dispense en Europe, ils vont, attentifs
ä surprendre quelque proie endormie, ne redoutant
que les revenants et les djinns, convaincus qu'ils se
libereront facilement, par la fuite, la ruse ou le
combat, de l'animal ou de 1'homme qui les atta-
querait.

Le Targui est merveilleusement doue pour cette
existence nomade; il est agile, a l'oreille fine, l'ceil
percant et capable de reconnaitre une trace meme
sur un sol pierreux et d'en deduire 1'homme ou
l'animal qui produisit l'empreinte et l'heure precise
de son passage. II a certaines notions d'astronomie.
Ayant remarque quelques constellations dans le
ciel et leur position, il s'en seit pour guider sa
marche.

POUR AVOIR UN LIT A SA TAILLE

Lorsque le Targui veut se reposer et dormir, le
lit et l'abri sont confectionnes en un instant. Avec
le talon de sa lance, il creuse dans le sol une fosse
ayant ä peu pres la largeur et la longueur de son
corps, enleve soigneusement les pierres et les cail-
loux, puis, placant ä l'une des extremites la seile de
son chameau, ou ä defaut un bäton, il y appuie son
bouclier pour se garantir du vent. Ces preparatifs
acheves, il se couche apres avoir plante sa lance

Rochers du desert ronges par les vents

dans le sol, ä portee de sa main, et conservant le
sabre au cöte et le poignard au bras il s'endort.

A son reveil, il sait, sans l'aide d'ustensiles de
cuisine, se confectionner un delicieux roti. Pour
cela, ayant creuse, avec le fer de sa lance, un trou
dans le sol, il le remplit de gros cailloux qu'il re-
couvre de branchages. A l'aide de son briquet qui
ne le quitte jamais, il y met le feu. Lorsque le bois
est transforme en charbons ardents, il ecarte les
menus morceaux et couche son gibier, prealable-
ment vide de ses intestins, sur les pierres brülantes,
le recouvre de gros charbons, puis d'une couche de
terre. Au bout de deux ä trois heures, il n'a qu'ä
enlever terre et branchages pour avoir ä sa dispo-
sition une piece savoureuse cuite ä point.

Mais de tels festins sont rares pour lui, et sa
sobriete, aussi grande que celle de son chameau
quoique moins connue, s'en passe volontiers.

LE TARGUI A LA TETE
PRES DU BONNET

L'existence agitee que menent les Touareg, les
luttes continuelles qu'ils se livrent entre eux, les
pillages qu'ils ont commis longtemps aux depens de
leurs congeneres-et meme des Europeens, ont enor-
mement contribue ä developper leur audace. L'ha-
bitude de faire de longues marches dans des regions
depourvues d'eau et de vivres a augmente encore
leur endurance naturelle. Mais si leur haute taille,
leur fiere mine leur donne un aspect redoutable,
et s'ils le sont vraiment, pris individuellement, la
force de la collectivite, divisee par des luttes in-
testines, le defaut d'entente et l'anarchie qui
regnent continuellement dans les tribus, est abso-
lument sans proportion avec celle de ses membres
pris un ä un.

Lorsque les Francais occuperent Tombouctou, les
Touareg ne surent pas faire taire les inimities qui
les divisaient et nous pümes ainsi venir facilement
ä bout de nos adversaires. II est rare de rencontrer
deux Touareg qui sont tout ä fait du meme avis,
et quand ils ne sont pas d'accord, ils se chamaillent,
se battent ou tout au moins se separent, s'ils sont
de la meme famille, de la meme tribu.

L'affaire suivante donnera une idee de ce manque
total d'entente. Un lion vint un jour attaquer les
troupeaux d'une tribu. Les esclaves tenterent de le
mettre en fuite en poussant de grands cris, qui
n'eurent d'autre effet que de rendre l'animal fu-
rieux, et il mordit au bras l'esclave le plus proche.
Les gemissements du malheureux firent accourir en
armes tous les Touareg du groupe. Leur nombre
effraya le lion qui s'enfuit ä quelques pas, poursui-
vis par les guerriers; mais tout ä coup il s'arreta et
attendit ses adversaires.

A leur tour ceux-ci hesiterent, puis se dispu-
terent, chacun voulant avoir l'honneur de frapper
le premier. Un jeune homme. du nom de Mamma,
insulta le pere d'un autre Targui, nomme Salea,
qui pretendait avoir plus de droits, etant plus äge.
Immediatement, Salea tua l'insulteur d'un coup de


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