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LE MESSAGER DU RHIN

MALGRE LE «TARJOUM»

II modifia donc legerement son itineraire et fut
en peu de temps devant le fort perche sur la col-
line. Quelques officiers tibetains vinrent en trem-
blant ä sa rencontre et declarerent qu'ils ne pou-
vaient permettre ä personne d'entrer dans le Tibet.
Landor demanda simplement de pouvoir se rendre
au lac Mansaraouar, se donnant comme un pelerin.
Un officier principal repondit qu'il n'avait pas lui-
meme le droit d'accorder une semblable autorisa-
tion et qu'il lui fallait en referer au tarjoum.

La petite troupe dut attendre la reponse jusqu'au
lendemain et veiller toute la nuit, car les Tibetains
semblaient mediter une attaque. II n'en fut rien cependant
, et, tout au matin, le tarjoum se rendit au
camp. C'etait un curieux personnage, vetu d'une
longue robe en soie verte, ä grandes manches et
coiffe d'une toque. L'entretien dura plusieurs heu-
res et ce ne fut qu'avec des menaces que Savage
Landor obtint ce qu'il pretendait vouloir seulement
obtenir : la liberte d'aller jusqu'au lac.

Mais trahi par un des siens qui revela au tarjoum
sa qualite d'Europeen, l'explorateur se vit retirer le
lendemain la permission qu'il avait si peniblement
extorquee. II dut, la mort dans l'äme, reprendre la
route du sud, suivi et surveille par des cavaliers
tibetains.

Savage Landor cependant rongeait son frein; il
ne pouvait se resoudre ä battre definitivement cn
retraite. Apres deux jours de marche vers le sud, il
concut le projet audacieux de partir de nuit, avec
un petit nombre d'bommes, et de se maintenir pen-
dant quelques jours sur les cretes des montagnes,
afin de depister les poursuivants.

II ne trouva d'abord aucun porteur qui consentit
ä le suivre; mais ses deux guides declarerent qu'ils
ne l'abandonneraient pas; ils reussirent meme ä for-
ce de promesse, ä retcnir 12 coolies sur les 30 en-
gages au debut de l'expedition.

LE SOMMEIL SOUS LA NEIGE

Le temps etait a souhait. Au milieu de la nuit,
par une neige aveuglante qui effacait toute trace,
la petite troupe echappant ä la surveillance des
Tibetains, reprit sa route vers le lac et la ville
sacree de Lhassa.

« Nous avancions, ecrit Landor, sans prononcer
une parole. Plus nous montions, plus le froid deve-
nait vif, le vent percant. Apres quelques minutes de
marche nous etions obliges de faire halte et de
nous asseoir Serres les uns contre les autres pour
nous tenir chaud et reprendre haieine.

Aussitöt le soleil couche, le froid devint plus in-
tense encore. II neigeait tres fort, nos vetements et
nos couvertures humides etaient raidis par la gelee.
J'allumai une petite lampe ä esprit-de-vin, autour
de laquelle nous nous assimes; mais le feu s'eteignit
au bout de quelques minutes.

Nous nous serrämes alors sous nos couvertures,
cherchant en vain le sommeil, abrite derriere nos
bagages. Mes hommes s'etaient entierement enfer-
mes dans leurs couvertures. Durant la nuit je les

entendis gemir, grogner, grincer convulsivement
des dents...»

A Laube la caravane se mit ä descendre dans la
direction du nord-est, sur des pentes de neige he-
rissees de rochers aigus.

AVERTISSEMENTS ET
TRAHISONS

Les vivres s'epuisaient. Impossible de se ravi-
tailler. Allait-il falloir se laisser prendre par les
Tibetains ou revenir en arriere? Plus audacieux que
jamais, Savage Landor prit le parti d'envoyer quatre
hommes au fort de Taklakot pour obtenir quelques
vivres. Quatre Chokas s'offrirent pour cette mis-
sion perilleuse.

Cinq jours passerent. La petite troupe, cachee
derriere un rocher, attendait impatiemment, se
nourrissant d'orties. Deux autres hommes furent
depeches ä Kordam, etablissement situe ä quelques
milles. Iis revinrent sans avoir rien obtenu.

Par contre ils rapportaient la nouvelle que, de
tous cotes, les soldats etaient ä la recherche du
sahib. Des bruits etranges couraient sur lui. II etait
entre, disait-on, dans le Tibet avec une grande
armee et avait le pouvoir de marcher sur l'eau et
de voler par-dessus les montagnes.

Trois jours encore s'ecoulent sans nourriture
substantielle, sans que les Chokas donnent signe de
vie, et tout semblait desespere lorsque, dans la nuit,
ils reapparaissent. Mais dans quel etat! Maltraites
et gardes prisonniers ä Taklakot, ils n'avaient reussi
ä s'evader qu'en enivrant leurs gardiens. Eux aussi
racontaient qu'un millier de soldats etaient ä la
poursuite du voyageur dont la tete etait mise ä
prix. Le gouvernement promettait 300 roupies ä qui
l'amenerait mort ou vivant.

Epouvantes par ces recits les coolies ne pensaient
qu'ä fuir. Pour les garder Savage Landor dut em-
ployer les menaces. Iis resterent provisoirement
mais dans Vespoir de se voir attribuer la prime de
300 roupies. Apres avoir essaye sans succes de tuer
leur maitre, ils chercherent ä le livrer par ruse.
Landor sut dejouer leurs complots et les forcer ä le
suivre jusqu'au lac de Mansaraouar. Lorsque la caravane
y fut arrivee, ils le quitterent definitivement
.

Savage Landor, cependant, considerait Mansaraouar
comme une simple etape. II ne songeait qu'ä
poursuivre son voyage. Mais il n'avait plus que
quatre compagnons.

CINQ COMPAGNONS REDUITS
A TROIS

Sur les bords sacres du lac Mansaraouar, Savage
Landor n'avait plus avec lui que deux coolies
Chokas et deux Hindous. Les suspicions, les menaces
ne lui avaient pas ete epargnees; meme, apres
l'avoir trahi, on avait tente de l'assassiner. Mais
l'explorateur croyait maintenant pouvoir compter
sur ses compagnons; les läches avaient fui. Et c'etait


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