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http://dl.ub.uni-freiburg.de/diglit/messager_rhin_1948/0107
LE MESSAGER DU RHIN

101

LA SELLE DE TORTURE

On placa le prisonnier sur im cheval dont le dos
avait ete garni d'une seile en bois, tres haute, re-
levee ä l'avant et ä Paniere, et sur l'arcade poste-
rieure etaient fixes horizontalement cinq ou six
pointes de fer. Quand Savage Landor fut assis, il
sentit aussitot ces pointes lui dechirer les reins.
Mais ce n'etait lä qu'un prelude benin.

Vingt ou trente cavaliers, armes de mousquets et
de sabres, s'etaient joints au premier groupe de gar-
diens, et tous partirent ä une furieuse allure. Les
mains liees, Savage ne pouvaif guider sa monture :
un cavalier, devant lui, guidait le cheval au moyen
d'une corde.

Iis allerent ainsi pendant des kilometres, et, ä
chaque secousse, les pointes de fer penetraient plus
profondement dans la chair de 1'Anglais. Une in-
terminable serie de collines de sable constituait
tout le paysage. Au bout d'un certain temps appa-
rut au loin une troupe de 200 cavaliers environ
qui soulevaient un nuage de poussiere, C'etait le
Pombo qui survenait avec sa brillante escorte.
Alors on prepara un autre numero ä Sensation du
Programme des tortures.

On apporta une corde en poils de yak, de 40 ä
50 metres de longueur, dont un bout fut attache
aux menottes du prisonnier, qui avait les mains
liees derriere le dos, et l'autre tenue par un cavalier
. Puis reprit la course sauvage, accompagnee
cette fois par le pombo et tous ses hommes. Caval-
cade bizarre et pittoresque, avec ces hommes en
costumes de toutes les couleurs, portant des fusils
ä meche ornes de pavillons rouges, des sabres in-
crustes de joaillerie et des bannieres ä longs rubans
bigarres flottant au vent.

Tous galopaient furieusement, hurlant, criant,
sifflant, au milieu du tintement assourdissant de
milliers de clochettes.

Mais Savage Landor ne pensait pas ä admirer
cette scene. Penche en avant sur sa seile, il n'avait
qu'une pensee : resister aux secousses imprimes ä la
corde par les Tibetains pour le desarconner. II etait
bon cavalier. Mais quand la corde se raidissait, s'il
ne tombait pas, tout son etre tendu dans une ener-
gie farouche, il ne s'en trouvait pas moins ramene
brutalement en arriere et les pointes cruelles s'en-
foncaient plus avant dans sa chair dechiquetee.

MAGIE?

Au bout d'un certain temps le Pombo fit un
signe et la troupe s'arreta ä proximite du fort de
Gyatcho qui etait en meme temps une lamaserie.
Deux ou trois hommes arracherent l'Anglais de sa
seile. La douleur qu'il eprouvait le long de l'epine
dorsale etait si vive qu'il demanda un instant de
repit. Mais les Tibetains ricanerent et, poussant
brutalement le prisonnier, lui annoncerent qu'il al-
lait etre fusille.

Un soldat se mit en devoir de charger un fusil
ä meche. II avait place dans le canon une teile

Vieux Tibetain du Nord-Est du pays

charge de poudre que, Savage Landor en etait con-
vaincu, celui qui aurait ä s'en servir devait se faire
sauter la cervelle. Aussi le prisonnier vit-il avec
une certaine satisfaction que l'arme etait remise au
Pombo lui-meme.

Le personnage s'approcha et placa le canon de
l'arme sur le front du prisonnier. Puis un soldat mit
le feu ä Ja meche. On entendit alors une bruyante
detonation qui donna ä Landor un grand choc, et,
ä la surprise generale, le fusil trop charge s'echappa
des mains du Pombo. Malgre la douleur que lui
causait la commotion, l'Anglais s'efforca de rire.

Les lamas furent exasperes de ce dernier incident,
mais le Pombo ressentit quelque crainte vis-ä-vis de
cet etranger apparemment si puissant. II decida ä
son sujet de consulter l'oracle qui se trouvait dans
la lamaserie. L'usage est de lui presenter un des
ongles de la personne sur laquelle on demande son
avis. Un lama vint donc examiner la main de Landor
et lui ecarta les doigts en exprimant une grande
surprise. A ses exclamations, tous les lamas et les
soldats eux-memes se presserent autour du prisonnier
tour ä tour. Le Pombo fut mande, tomba aussi
en arret devant les mains de l'Anglais et ordonna
aussitot de suspendre toutes les tortures. Par un
tout petit fait providentiel qui ne s'expliqua pas sur
l'heure, Savage Landor etait sauve.

Lorsqu'il fut reläche, il apprit des Tibetains ce ä
quoi il devait la vie. Ses doigts etaient attaches
plus haut qu'ils ne le sont chez la plupart des gens,
et, c'est une particularite qui au Tibet ne merite
que de la consideration. Un charme regne sur
l'existence du possesseur de pareils doigts, et, quoi
qu'on lui fasse, il ne lui arrivera aucun mal.


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