Zur ersten Seite Eine Seite zurück Eine Seite vor Zur letzten Seite   Seitenansicht vergrößern   Gegen den Uhrzeigersinn drehen Im Uhrzeigersinn drehen   Aktuelle Seite drucken   Schrift verkleinern Schrift vergrößern   Linke Spalte schmaler; 4× -> ausblenden   Linke Spalte breiter/einblenden   Anzeige im DFG-Viewer
http://dl.ub.uni-freiburg.de/diglit/messager_rhin_1948/0110
104

LE MESSAGER DU RHIN

devait donner ä Louis Bautain
Voccasion de prouver la sincerite
de ses croyances. L'evolution
operee dans ses idees lui ayant
valu im bläme public de la part
de la faculte protestante, ses cours
furent suspendus pendant deux
ans. Gräce ä l'bospitalite de Mlle
Humann, le philosophe put ouvrir
une ecole privee. Parmi les mem-
bres de la nouvelle societe se
trouvaient trois israelites : Jules
Level, Isidore Goschler et Theodore
Ratisbonne. Mlle Humann
prenait part ä l'activite des jeu-
nes gens et devenait comme l'äme
de leurs reunions.

Elle devait s'interesser particu-
lierement au fils de rabbin Theodore
Ratisbonne. Le tourment de
Dieu torturait le jeune homme.
La perspective de la rupture avec
sa famille lui etait im supplice.
Au comble de l'inquietude, il
s'adressa ä Mlle Humann. Ce fut
ä une heure bien romantique qu'il
frappa ä sa porte. C'etait pres de
minuit. Mlle Humann parut im
peu etonnee de recevoir si tard
la visite d'un jeune homme agite,
bouleverse; mais, apres l'avoir
ecoute, eile le calma, reussit ä le
lassurer.

Apres l'avoir eleve au-dessus
de « toutes les peines et de toutes
les croix », eile devint pour lui
une seconde mere. Au milieu des
plus lourdes epreuves, Mlle Humann
initiait le jeune Israelite
aux verites de la foi. Ce fut eile
enfin qui, avec la permission de
son eveque, versa sur son front

l'eau du bapteme, dans sa propre
demeure.

Comme chez sa contemporai-
ne, Mme Swetchine, la celebre
correspondante de Lacordaire,
l'art de recevoir fut chez eile im
instrument de rayonnement au-
pres des ämes. Ces maisons qui
deviennent ainsi des centres d'a-
postolat sont la replique chretien-
ne des salons qui continuent en-
core toujours ä exercer leur in-
fluence sur les esprits del'epoque.

Le devouement de Mlle Humann
est couronne de joies tres pures.
Bautain lui annonce sa vocation
sacerdotale. Theodore Ratisbonne
, lui aussi, montera ä l'autel.
Aucune page du journal intime
de Louise Humann ne nous re-
vele ses impressions de cette
heure et il vaut mieux ainsi. II y
a des sentiments qu'il faut con-
server au fond du cceur et dont
Dieu seul doit etre temoin. . .

Un autre jeune homme, Al-
phonse Gratry, fut amene ä con-
naitre Louise Humann. Ce qu'il
nous dit caracterise le role qu'eut
ä cette epoque « cette eveilleuse
d'ämes ».

« Quant ä celle que nous ap-
pelions notre mere, eile etait la
chere äme de notre petite reu-
nion. »

Alphonse Gratry avait sollicite
d'etre admis dans l'intimite du
groupe amical, mais Mlle Humann
nvait differe d'acquiescer ä son
desir :

«Peut-etre, lui disait-elle, etes-
vous appele ä vivre d'une vie tout

interieure, ä sacrifier toute votre
science, vos goüts philosophiques.
Vous connaissez le pauvre cou-
vent du Bischenberg. Aimez-vous
assez Dieu pour vivre et mourir
lä, s'il le veut? »

« J'eus le courage de repondre
« oui », poursuit Gratry et je me
presentai dans l'humble cloitre
comme postulant. »

II en fut chasse par la revolu-
tion de 18 30 et il revint ä Strasbourg
. Tout en se preparant aux
Ordres, il collaborait aux travaux
des amis dont il s'etait auparavant
courageusement separe.

*

Le journal intime de Louise
Humann revele les sentiments de
confiance joyeuse que furent les
siens ä l'approche de la mort. Elle
s'y compare au petit grain de fro-
ment enfoui dans la terre avant
de se developper en epi, au ver
qui « file sa retraite, meurt, puis
renait papillon brillant», ä l'en-
fant qui retourne vers la maison
de son pere.

A l'heure supreme, l'abbe Bautain
etait seul aupres d'elle. Ses
dernieres paroles furent: « Aimez-
vous les uns les autres. »

« Ainsi mourut, conclut l'abbe
Bautain, ignoree du monde, une
femme qui, au fond de sa modes-
te retraite, l'a plus remue qu'il
ne le saura jamais, car eile a ete
ia source de tout le bien qui s'est
fait de son vivant et apres sa
mort. . . Dieu seul connait ce qui
est sorti de ce foyer? »

M. Rohmer.

STE-ODILE D'ALSACE

(Peinture de Palt Spindler)


Zur ersten Seite Eine Seite zurück Eine Seite vor Zur letzten Seite   Seitenansicht vergrößern   Gegen den Uhrzeigersinn drehen Im Uhrzeigersinn drehen   Aktuelle Seite drucken   Schrift verkleinern Schrift vergrößern   Linke Spalte schmaler; 4× -> ausblenden   Linke Spalte breiter/einblenden   Anzeige im DFG-Viewer
http://dl.ub.uni-freiburg.de/diglit/messager_rhin_1948/0110